Marine Le Pen et Heinz-Christian Strache, président du Parti libéral d’Autriche, le 8 juin 2011. | FREDERICK FLORIN / AFP

En réaction aux résultats électoraux du 24 avril en Autriche, la présidente du Front national (FN) s’est empressée de féliciter le candidat du Parti de la liberté d’Autriche (Freiheitliche Partei Österreichs, FPÖ), Norbert Hofer, arrivé loin devant ses concurrents au premier tour, avec 35 % des voix.

Et ce avec une rapidité qui a pu étonner, alors que cette formation d’extrême droite conserve une réputation parfois sulfureuse au sein de l’opinion publique française. C’est que Marine Le Pen voit arriver de l’est de l’Europe « le renouveau », qu’elle appelle de ses vœux. Le 22 mai, date du second tour de la présidentielle à Vienne, a été marqué d’une croix blanche dans l’agenda de la candidate à la présidentielle française en 2017.

« Ces derniers temps, elle a multiplié les déconvenues en politique internationale, avec un voyage au Canada peu satisfaisant et une campagne du “Brexit” sur laquelle elle a du mal à surfer, rappelle le politologue Jean-Yves Camus, spécialiste de l’extrême droite. Donc pour l’instant, elle se raccroche à la seule véritable réussite de son groupe européen, qui est le score du FPÖ. »

Une délégation du FPÖ a visité en 2012 l’Assemblée nationale à Paris, où elle a rencontré Marion Maréchal-Le Pen

Le FN et le FPÖ sont les deux piliers de l’Alliance européenne pour la liberté, une formation politique voulue par Marine Le Pen et mise sur pied en 2010, qui a servi de plate-forme de négociations et de discussions en vue de former un groupe parlementaire à Strasbourg en 2015.

Leurs élus entretiennent des liens politiques forts et constants. Une délégation du FPÖ a visité en 2012 l’Assemblée nationale à Paris, où elle a rencontré Marion Maréchal-Le Pen. Cette dernière s’est également rendue à Vienne à l’invitation du parti d’extrême droite autrichien. La même année, alors en campagne présidentielle, Marine Le Pen était l’invitée d’honneur du bal des corporations estudiantines proches du FPÖ, une soirée que connaissait également bien son père, Jean-Marie Le Pen, qui, comme Bruno Gollnisch, a toujours respecté et admiré les succès électoraux de l’extrême droite en Autriche.

Alliances et pèlerinage en Israël

La proximité entre les deux formations ne doit toutefois pas faire oublier certaines différences importantes. D’abord, le FPÖ s’est toujours positionné comme un parti ayant pour vocation de réaliser des alliances dans le but de gouverner, un pas que Marine Le Pen refuse de franchir.

L’extrême droite autrichienne a partagé le pouvoir une première fois avec le Parti social-démocrate d’Autriche (Sozialdemokratische Partei Österreichs, SPÖ) en 1983. A l’époque, elle n’avait obtenu que 4,98 % des voix aux législatives. Elle a formé de nouveau une coalition, avec les chrétiens conservateurs, en 2000. Le FPÖ participe également au pouvoir régional et bénéficie d’un maillage électoral solide, sans équivalent en France pour le FN.

Par ailleurs, au mois d’avril, le chef du FPÖ, Heinz-Christian Strache, a rendu une visite très symbolique au mémorial de la Shoah de Yad Vashem, en Israël. Il s’y était déjà rendu en 2010. Il s’agit d’un pèlerinage que n’a toujours pas entrepris Marine Le Pen et qui a été très commenté en Autriche. Israël avait rappelé pendant quatre ans son ambassadeur en Autriche, lorsque le prédécesseur de M. Strache, Jörg Haider, avait négocié un programme de coalition seize ans plus tôt.

Les diplomates israéliens ont toutefois toujours pour consigne de refuser tout contact avec l’extrême droite autrichienne, malgré les efforts du FPÖ, qui s’est par exemple opposé à l’étiquetage des produits venant des colonies israéliennes.