L’Etat a donné le 10 mars le coup d’envoi à la privatisation partielle des aéroports de Nice et de Lyon, qui pourrait lui rapporter autour de deux milliards d’euros, en lançant les appels d’offres pour la cession des 60 % qu’il détient dans les deux infrastructures.

L’Association contre l’extension et les nuisances de l’aéroport Lyon-Saint-Exupéry (Acenas) a déposé le 6 avril un référé-suspension devant la plus haute juridiction administrative, le Conseil d’Etat, « afin d’arrêter le processus de vente », indique dans un communiqué jeudi l’association, qui revendique 6 000 membres. La procédure dite d’urgence prévoit un examen du contentieux sous quinzaine par les sages du Palais Royal.

« Le processus de privatisation viole une directive européenne », argue l’avocat de l’association, Etienne Tête, qui estime que le « montage » ouvrant la voie à la privatisation de l’aéroport est un « détournement » des règles encadrant l’obligation de mise en concurrence des délégations de service public. Me Etienne Tête s’est fait connaître depuis plusieurs années pour son opposition à plusieurs grands dossiers d’urbanisme dans l’agglomération lyonnaise, en particulier la construction du nouveau stade de l’Olympique Lyonnais ou du périphérique Nord.

Doublement du trafic aérien

« La privatisation a pour objectif le doublement du trafic aérien à 20 millions de passagers et la création d’un hub pour le fret dont l’ambition est de devenir le plus important pour le sud de l’Europe. Pour nous c’est une catastrophe », commente la présidente de l’Acenas, Evelyne Lavezzari. « Aucune protection concrète n’est prévue pour les riverains menacés par une explosion des nuisances aériennes, routières et ferroviaires », précise l’association dans un communiqué. « Lorsqu’un consortium achète un aéroport, leur objectif est de faire de l’argent et on ne veut pas être sacrifié pour des intérêts privés », complète Mme Lavezzari.

Le choix des acquéreurs devrait intervenir cet été. De nombreux investisseurs, français comme étrangers, devraient participer à la privatisation des aéroports de Nice et de Lyon, dans lesquels l’Etat va céder ses participations.

A Lyon, le choix de la privatisation bénéficie d’un certain consensus auprès des acteurs locaux impliqués dans le dossier, collectivités locales et chambre de commerce et d’industrie en tête. Selon eux, l’aéroport dans son intégralité est valorisé entre 800 millions et un milliard d’euros. Le trafic des passagers commerciaux estimé à 8,7 millions de personnes en 2015 selon l’Union des aéroports français fait de Lyon le quatrième aéroport français en termes de fréquentation, loin derrière Nice et les aéroports parisiens d’Orly et de Roissy-Charles de Gaulle.