Cette semaine, nous vous invitons à (re)découvrir quatre documentaires. Le phénomène de la « Fanfiction », La Saga des comédies musicales, un numéro de « La collection Papillon » consacré aux sorciers du portable et l’histoire de la dynastie Empain. Vous pouvez aussi (ré)écouter en podcast Hubert Reeves dans l’émission de France Inter « Boomerang » et des témoignages des habitants de Signy, un village du Poitou, sur des ravages de l’agriculture intensive et de l’usage des insecticides.

« Fanfiction » : Cinquante nuances de suites

Fanfiction, ce que l’auteur a oublié d’écrire - Bande annonce
Durée : 00:32

Accepter le mot « fin » n’est pas pour eux. Quelle que soit l’issue d’un roman, d’une série ou d’un film, ils ont décidé d’en faire fi pour prolonger leur plaisir, en s’appropriant à leur manière histoire et personnages, leur conférant ainsi une seconde vie. Eux, ce sont les adeptes de la « fanfiction » : un phénomène culturel qui débuta sous forme de fanzine dans les années 1970, après l’arrêt de « Star Trek » pour prendre véritablement son ampleur dans les années 2000 grâce à Internet. Ainsi on dénombre que ces pratiquants ont produit environ 7,5 millions de suite d’Harry Potter ou encore 250 000 de Twilight, dont la plus célèbre « fanfiction » n’est autre que Cinquante nuances de Grey, d’E.L James.

Pour comprendre ce que recouvre ce phénomène, désormais étudié à l’université aux Etats-Unis mais aussi en France – même si la « fanfiction » y est interdite en raison du droit d’auteur, pour mieux appréhender ses principes, ses courants, son langage, son univers, Emmanuelle Debats nous entraîne aux Etats-Unis – sa terre d’élection. Là elle nous fait découvrir ceux qui la pratiquent et l’enseignent. Si ce versant américain se révèle particulièrement éclairant dans sa dimension sociologique, le versant français abordé dans un second temps ne l’est pas moins. En particulier sur les vertus éducatives de la « fanfiction ». Comme le souligne un professeur de lettres de collège « plus qu’une histoire d’écriture, c’est une histoire de lecture ». Une histoire d’appropriation revigorante. Christine Rousseau

Fanfiction, ce que l’auteur a oublié de dire, d’Emmanuel Debats (Fr., 2015, 65 min). A revoir jusqu’au 25 avril sur Pluzz

L’écran chante et danse

CHANTONS SOUS LA PLUIE
Durée : 03:17

Il y eut un âge d’or des comédies musicales sur grand écran. Ce fut l’époque, pendant les années 1930, où des productions fastueuses – notamment celles dirigées par Busby Berkeley pour Warner Bros, avec leurs figures chorégraphiques géométriques – étaient inventées directement pour et par Hollywood, avec le concours des plus grands compositeurs, auteurs et librettistes. Cet âge d’or se termine quand le rock’n’roll devient la langue musicale du genre, au milieu des années 1950, avec la production d’une trentaine de musicals pour Elvis Presley : on n’y chantait et n’y dansait plus tout à fait la même chose à l’écran. La comédie musicale n’était pas morte pour autant, mais elle n’était plus la même. Elle continuera d’ailleurs à être régulièrement produite par Hollywood, mais par l’entremise d’adaptations de succès avérés sur les planches de Broadway – et jusqu’à nos jours, comme en témoignent les récentes versions filmées des « musicals » Sweeney Todd et Into the Woods, de Stephen Sondheim, par exemple. (Tandis qu’à Broadway on s’ingénie souvent à faire l’inverse en adaptant pour la scène des comédies musicales filmées.) C’est cette histoire que raconte, avec la participation d’experts nord-américains (dont l’incontournable Jeanine Basinger), et du français Patrick Brion, les trois volets de cette très recommandable Saga des comédies musicales. Renaud Machart

La Saga des comédies musicales américaines, d’Hugues de Rosière et Bertrand Tessier (Fr, 2015, 3 x 52 min). A la demande jusqu’au 9 mai sur OCS GO

La vie en clic

Notre smartphone ferait-il de nous des magiciens ? En quelques clics, on peut rencontrer l’amour de sa vie – ou une aventure d’un soir – se faire livrer ses courses à domicile ou trouver un logement pour la nuit. Le tout sans quitter son canapé. Et ce, grâce une à poignée de petits génies de l’informatique. Pour ce nouveau numéro de « La Collection Papillon », Daphné Roulier est allée à la rencontre de ces sorciers du portable. Des trentenaires à l’allure décontractée qui sont à la tête d’entreprises pesant plusieurs millions d’euros et autant d’utilisateurs. Uber, Tinder, Airbnb… Autant de concepts qui ont germé à un point du globe et dont les effets se font ressentir sur toute sa surface. Pour prendre la mesure des effets, positifs ou pervers, de ce phénomène déclenché par les gourous du numérique, les reporters se sont rendus notamment au Kenya, où les Massaïs achètent leurs chèvres par l’envoi d’un SMS ; en Israël, où juifs et musulmans bravent les préjugés et les interdits à travers des applications de rencontres ; ou encore aux Etats-Unis, où Angelica est obligée d’enchaîner les courses par des applications de transport de particuliers pour s’en sortir. Ce phénomène planétaire n’épargne personne. Sauf à jeter son portable à la poubelle. Jérémie Vaudaux

« La Collection papillon », présentée par Daphné Roulier : « Les Sorciers du portable » (2016). A la demande sur Canal+.

Splendeurs et misères de la dynastie Empain

Les Barons Empain - bande-annonce - ARTE
Durée : 00:25

Le rapt du baron Edouard-Jean Empain, en 1978, au cours duquel ses ravisseurs lui coupèrent une phalange de l’annulaire gauche, est la dernière des incroyables péripéties qui marquèrent l’histoire de la dynastie des Empain, depuis la constitution d’un gigantesque groupe industriel par Edouard Empain (1852-1929), à qui l’on doit entre autres la construction du métro parisien et des chemins de fer congolais. L’on suit, narré par les souvenirs – assez bruts de décoffrage – d’Edouard-Jean, les méandres familiaux où s’opposent jouisseurs dispendieux et philanthropes bigots, arnaqueurs et idéalistes, danseuses nues et curés en soutane. A entendre ces histoires incroyables et à voir Edouard-Jean Empain dans son salon cossu de l’avenue Foch, on se croirait presque dans un film de Visconti,façon Les DamnésR. Ma.

Les Barons Empain, la dynastie fracassée, de Tanguy Cortier et Alice Gorissen (Bel.- Fr., 2015, 90 min). A la demande jusqu’au 13 mai sur Arte + 7.

Poésie de l’astrophysique

« La poésie a-t-elle encore quelque chose à dire de la beauté du monde, une fois que celui-ci a été expliqué par la science ? » Cette question Hubert Reeves tente d’y répondre dans « Boomerang », l’émission qu’anime tous les jours Augustin Trapenard sur France Inter. L’astrophysicien était invité à l’occasion de la parution de son anthologie Les Secrets de l’Univers (Robert Laffont) qui regroupe quatre de ses ouvrages parus depuis 1981.

Quatre essais pour un seul objectif : raconter les mystères de l’Univers avec l’expertise de l’astrophysique et la musicalité de la poésie. Parfois drôle, souvent poétique, toujours très sensible, le journaliste explore l’écriture d’Hubert Reeves, l’interroge sur son rapport à la musique et à la poésie ainsi que sur sa vision de la science. Il sonde aussi son passé à la recherche de ce qui l’a poussé à transmettre ses connaissances. Quelques indices : une enfance passée dans la nature québécoise et une grande mère conteuse n’y sont sans doute pas étrangères. J. V.

« Boomerang », d’Augustin Trapenard : Über Reeves. A réécouter sur France Inter

Larmes acides sur les champs

Après une vive bataille, le Parlement européen a autorisé, le 13 avril, l’emploi du glyphosate – le principe actif du Roundup – pour sept ans, restreint cependant aux seuls usages agricoles. Cette décision a dû être douloureusement ressentie par les habitants de Signy, un petit village du Poitou où nous entraîne Rodolphe Alexis. Ici on est agriculteur de père en fils. Et parfois, ce sont les fils qui partent les premiers. La faute au DDT, au Decis et autre pesticides, comme le relatent les Signaciens au fil de leurs témoignages. Bouleversante, cette immersion permet de prendre la mesure des ravages de l’agriculture intensive et de l’usage des insecticides, cette « drogue qui détruit des vies et produit des poireaux aussi gros que des poignets ». Face à cette situation, certains plaident pour le retour à une agriculture raisonnée, d’autres pour le passage à l’agriculture biologique. Quelle que soit l’alternative, tous s’accordent à dire qu’un changement s’impose. J. V.

« Peste Acide », de Rodolphe Alexis. A réécouter sur Arte Radio.