C’est une annonce longuement préparée. Mercredi 4 mai au soir, l’ancien gouverneur de l’ex-Katanga, Moïse Katumbi, a déclaré officiellement sa candidature à l’élection présidentielle qui doit se tenir le 27 novembre 2016 dans la République démocratique du Congo. L’annonce a été faite sur son compte Twitter accompagnée du commentaire : « Les basses manœuvres du pouvoir n’entravent pas mon combat pacifique. Je serai le candidat de l’Etat de droit ».

Jet privé interdit de mouvement

M. Katumbi, 51 ans, n’est membre d’aucun parti mais se présente pour trois mouvements d’opposition : le G7, le Collectif des Nationalistes et l’Alternance pour la République 2016. « Depuis ma démission de mon poste de gouverneur du Katanga en septembre 2015, nous avons travaillé à l’élaboration d’un projet de société commun, avec l’ensemble des forces politiques et sociales acquises au changement », affirme le candidat dans un communiqué. Avant d’ajouter qu’il allait à cette fin entamer dans les prochains jours une tournée à travers tout le territoire du Congo.

Justement, les mouvements de cet homme d’affaire richissime semblent entravés. Depuis plusieurs mois, son jet privé n’a plus le droit de décoller ou de se poser en RDC, obligeant Moïse Katumbi à voyager via la Zambie voisine. Il n’a ainsi pas pu se rendre à Kinshasa le 4 mai pour les funérailles du prince de la rumba congolaise, Papa Wemba. « Et quand j’ai voulu prendre un vol commercial pour Kinshasa, aucune agence n’a osé me vendre de billet », a-t-il déclaré au Monde.

« Nous, les opposants, sommes, depuis peu, victimes d’un harcèlement policier et judiciaire, ainsi que d’un dénigrement systématique sur les chaînes de radio et télévision d’Etat », déclare le candidat dans son communiqué.

Le climat politique est très tendu en RDC en raison de l’incertitude liée au très probable report de la présidentielle censée avoir lieu fin novembre prochain. L’opposition accuse Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001 et à qui la Constitution interdit de se représenter, de manœuvrer pour se maintenir au pouvoir au-delà du terme de son mandat en décembre, dans un processus de « glissement » du calendrier.

« Dans ce scrutin présidentiel à un tour, la désignation d’un candidat commun de l’opposition reste un objectif majeur, afin d’accroître les chances de succès électoral et garantir l’alternance politique au sommet de l’Etat », poursuit Moïse Katumbi, tout en annonçant des négociations à cet effet avec d’autres regroupements et personnalités politiques.