Ils ont pris le taureau par les cornes et, à l’ultime moment de la saison, lui ont fait mordre la poussière. En disposant des Memphis Grizzlies (125-104) sur leur parquet mercredi 13 avril, les Golden State Warriors ont fait tomber le record historique du nombre de victoires en saison régulière établi par les Chigago Bulls de Michael Jordan lors de la saison 1995-1996. Avec 73 victoires en 82 matchs, les coéquipiers d’un Stephen Curry stratosphérique marquent les esprits en effaçant des livres d’histoire un bilan que nombre d’observateurs pensaient imbattable (72 victoires, 10 défaites).

« Les records sont faits pour être battus. » Quelques jours avant que les Warriors égalisent le record des Bulls en abattant leur propre Fort Alamo – les San Antonio Spurs, invaincus jusque-là dans leur salle et sur la voie d’un autre record –, par cette tautologie, LeBron James affichait son soutien à l’équipe menée par Steve Kerr. Pour le double champion NBA, victime du premier titre des Warriors en juin dernier, la splendide saison des coéquipiers de Stephen Curry « ne diminue en rien l’importance du record qui est battu » mais permet au contraire de se souvenir de l’incroyable parcours des Bulls de Michael Jordan il y a maintenant vingt ans. Et si cette 73e victoire en 82 matchs impressionne, il ne s’agit pas du seul record battu par les champions NBA en titre cette saison. Revue non exhaustive d’une saison dorée.

Insatiable soif de victoires

  • Plus grand nombre de victoires en saison régulière

Les Warriors ont établi mercredi un nouveau record de victoires. | Marcio Jose Sanchez / AP

73-9

C’est le record pour l’histoire et Stephen Curry l’avait annoncé en février : « S’il y a moyen de décrocher ce record, nous irons le chercher. » Vingt ans après que les Chicago Bulls menés par Michael Jordan ont effacé des tablettes les 69 victoires des Los Angeles Lakers lors de la saison 1971-1972, les Golden State Warriors établissent à leur tour un nouveau record : 73 victoires pour 9 défaites lors des 82 matchs que compte la saison régulière.

La saison record des Golden State Warriors
Evolution de la saison 2015-2016 des Warriors vis-à-vis des précédents records.

Equipe rafraîchissante alliant défense de fer et attaque de feu, et possédant avec Stephen Curry, le nouveau visage de la NBA, les Warriors se sont attiré une pluie de félicitations après leur record, de Michael Jordan au président américain, pourtant fan des Chicago Bulls.

  • Meilleure entame de saison de l’histoire

Les Warriors ont obtenu la meilleure entame de l'histoire face aux Lakers, le 24 novembre. | Thearon W. Henderson / AFP

24-0

Privés de leur coach Steve Kerr à l’entame de la saison régulière en raison d’une opération au dos au cours de l’été, les champions en titre ne se laissent pas abattre. Dirigée de main de maître par l’adjoint Luke Walton et entraînée par un Stephen Curry sur la lancée de sa saison de MVP (« most valuable player », meilleur joueur de la saison), la « Dub nation » renverse tout sur son passage. Le précédent record – 15 victoires de rang en ouverture de saison, codétenu par les Washington Capitols (1948-1949) et les Houston Rockets (1993-1994) – vole en éclats le 24 novembre. Loin de s’arrêter là, les Warriors poursuivent sur leur lancée.

Ce début en fanfare prend fin le soir du 13 décembre, sur le parquet des Milwaukee Bucks après 24 victoires (défaite 108 à 95). Ironie de l’histoire, l’équipe du Wisconsin avait déjà interrompu la plus longue série de victoires jamais vue en NBA, celle des Los Angeles Lakers qui avait enchaîné 33 succès lors de la saison 1971-1972 avant de mordre la poussière face aux Bucks.

  • Meilleur bilan à l’extérieur sur une saison

Le coach des Warriors, Steve Kerr, devant sa star Stephen Curry et son adjoint Luke Walton. | Marcio Jose Sanchez / AP

34-7

Défaits à deux reprises en fin de saison à domicile, les Warriors ont échoué (le mot est grand) à rester invaincus une saison entière sur leur parquet de l’Oracle Arena. Un exploit auquel les Spurs ne sont pas passés loin cette saison, uniquement battus dimanche par les Warriors et égalant ainsi le record de Boston d’une seule défaite à domicile. Mais, outre la plus grande série d’invincibilité à domicile (à cheval sur cette saison et la précédente) avec 54 victoires consécutives à l’Oracle Arena, les joueurs de la baie de San Francisco ont aussi ôté aux Lakers le meilleur bilan de l’histoire à l’extérieur en saison régulière, avec 34 victoires et 7 défaites.

Des tirs à trois points en fusion

La performance collective des hommes de Steve Kerr est indéniable cette saison, mais il est difficile de faire l’impasse sur les performances stratosphériques de leur star, le meneur de jeu Stephen Curry. Sur une autre planète cette année, le MVP en titre a survolé la saison régulière et ses adversaires, à commencer par sa spécialité : le tir à trois points, dont il repousse encore et toujours les limites.

  • Plus grand nombre de tirs à trois points réussis en une saison

Stephen Curry a pulvérisé cette saison son propre record de tirs à trois points réussis. | Marcio Jose Sanchez / AP

402

« Trois vaut plus que deux. » Suivant cet adage, les Golden State Warriors ont depuis deux ans fortement mis en avant le shoot pris derrière la ligne des 7,23 mètres. Pour la troisième année d’affilée, Stephen Curry bat le record de « three pointers » réussis et éclabousse la NBA de classe en dépassant mercredi la barre des 400 shoots à trois points réussis. Symbole de la domination des Warriors dans le domaine, Klay Thompson, la seconde moitié des « Splash Brothers » (surnom donné au duo qu’il forme avec Curry) établit cette année la troisième meilleure performance de l’histoire à trois points avec 276 tirs primés rentrés.

Nombre de tirs à trois points réussis sur une saison

« Meilleur shooteur de l’histoire », selon Barack Obama, Stephen Curry devait réussir huit trois points ce mercredi, pour parvenir à 400, ce qu’il est parvenu à faire en un peu plus d’une mi-temps. Au cours de la saison, il a également égalé le plus grand nombre de trois points réussis en un match, avec 12 tirs primés réussis contre Oklahoma City (record qu’il partage avec Kobe Bryant et Donyell Marshall).

  • Plus grand nombre de trois points réussis en une saison par une équipe

Cette saison, Klay Thompson a remporté le concours de tirs à trois points lors du All Star Game. | Marcio Jose Sanchez / AP

1 077

Le record des Houston Rocket aura tenu un an. Symboles de la révolution du basket depuis plusieurs années et de l’importance prise par les tirs à trois points, les Golden State Warriors ont dépassé les 1 000 tirs primés réussis, une première pour une équipe depuis l’établissement de la ligne des trois points lors de la saison 1979-1980.

Tirs à trois points réussis par une équipe en une saison
Depuis l'introduction de la ligne à trois points en NBA, en 1979-1980

Avec les « Splash Brothers », les Warriors ont dans leurs rangs les deux derniers vainqueurs du concours de tirs à trois points du All Star Game et semblent armés pour continuer à espacer le jeu à coup de trois points venus d’ailleurs. Confiant dans ce shoot qu’il a travaillé depuis son enfance à la mi-temps des matchs de son père (Dell Curry, joueur des Charlotte Hornets puis des Toronto Raptors dans les années 1990), Curry a assuré le show cette saison en match, comme lorsqu’il a célébré avec un partenaire un trois point avant même de s’assurer que celui-ci rentrait.

Des records à la pelle, mais un seul objectif

Première équipe à ne pas perdre deux matchs à la suite en une saison, et seule équipe à ne pas perdre deux fois contre la même équipe en une saison, les Golden State Warriors ont survolé la NBA et cette pluie de record pourrait en appeler d’autres. Meilleur joueur incontesté de la ligue, Stephen Curry pourrait être élu MVP à l’unanimité dans quelques semaines, un score que ni LeBron James, ni Michael Jordan ne sont parvenus à obtenir.

Mais si la fin de la saison régulière permet aux joueurs de Steve Kerr de noircir les livres d’histoires, l’équipe est focalisée sur un seul objectif : réussir le doublé et remporter un second titre NBA à la fin des playoffs. Car, comme l’avaient fait les Bulls en 1995-1996 et les Lakers en 1971-1972, une saison record ne reste dans l’histoire que si elle est couronnée d’un titre. Et comme l’affirmait le nouvellement retraité Kobe Bryant au cours de sa carrière : « Seules les bannières restent. » Un fait dont Curry et consorts sont conscients au moment d’entrer dans le vif du sujet.