Sabrina Fazal. #En mémoireBruxelles

Un pied-de-nez à la mort. Hussein et Rita Fazal ont demandé que chacun s’habille en blanc aux funérailles de leur fille, Sabrina, le 2 avril. C’était une ultime façon de rendre hommage au « tempérament joyeux » de cette jeune femme d’origine congolaise qui « croquait la vie à pleines dents », souligne son père, Hussein Fazal. Sur son profil Facebook, Sabrina s’affichait avec de belles coiffures, grands yeux pétillants et lèvres carmin, et toujours, un sourire immense.

Comme tous les matins, ce 22 mars, Sabrina Fazal s’est rendue à la Haute Ecole Galilée à Bruxelles, où elle menait des études d’infirmière. A 24 ans, elle a été emportée par l’explosion du kamikaze à la station de métro Maelbeek. Sabrina voulait devenir infirmière, comme sa mère ; son père, lui, travaille comme conducteur de tram à la STIB, la régie des transports bruxellois.

Ses parents, tous les deux nés dans la République démocratique du Congo (RDC), sont arrivés en Belgique dans les années 1980, puis ont fait des allers-retours entre les deux pays avant de s’installer définitivement à Ottignies, à une trentaine de kilomètres de Bruxelles, en 1998. Sabrina avait d’ailleurs fait un stage dans l’hôpital de cette localité.

Née en 1991, Sabrina était l’aînée d’une famille de trois enfants aux origines congolaises mais aussi indiennes, par la famille de son père. Une diversité à l’image de celle de la population de la capitale belge. « J’ai transmis ces cultures à mes enfants dès leur plus jeune âge, explique Hussein Fazal. C’est une richesse pour eux ». Dans une vidéo sur internet, on voit Sabrina, micro en main, réaliser un reportage filmé d’un mariage coutumier pour le site d’informations de la diaspora congolaise Congomikili.

Jonathan Selemani, le compagnon de Sabrina, venait lui aussi de la RDC. Il a grandi à Kinshasa avant d’arriver en Belgique à l’âge de 10 ans. Lorsqu’il a rencontré Sabrina, elle n’avait que 16 ans, lui, 18. « Elle aimait écouter de la musique, raconte Jonathan. Du hip hop, du rap, du ragga… elle adorait danser. » Elle cuisinait aussi, pour tout le monde, des plats de toutes origines, «nos préférés, c’était les mets africains bien sûr », dit-il.

Ces dernières années, Sabrina et Jonathan s’étaient installés ensemble à Wavre, près de Bruxelles, où il joue au football, en amateur mais avec un certain succès. Elle allait d’ailleurs souvent l’encourager et leur petit garçon, Heyden, né en 2014, « tape dans beaucoup de ballons déjà », relève fièrement son père. Sabrina avait interrompu ses études d’infirmière pour s’occuper de son bébé pendant une année. « Nous l’avons encouragée à reprendre ses études, explique Hussein Fazal. Elle avait beaucoup de volonté, elle voulait y arriver. » Sabrina et Jonathan avaient aussi d’autres projets : ils avaient décidé de se marier.

Camille de Marcilly (La Libre Belgique)