Sascha Pinczowski. #EnMémoireBruxelles | D.R.

Elle adorait New York, une ville monde à l’image de son propre parcours. Sascha Pinczowski était destinée à voyager. Elle a failli naître au Nigeria où son père travaillait pour une grande chaîne d’hôtellerie et a ensuite passée son enfance entre les Caraïbes, la Turquie, la Grèce et l’Allemagne.

De ses pérégrinations à travers le globe, cette jeune Néerlandaise de 26 ans avait attrapé le goût des langues, elle en parlait cinq. Du coup, une fois terminée ses études secondaires à Francfort, elle a commencé par explorer une terre proche mais largement inconnue, les Pays-Bas, la patrie de ses parents, Edmond et Marjan, où elle n’avait jamais vécu. Sur les conseils de son père, originaire de Maastricht, elle rejoint la prestigieuse école hôtelière de La Haye. Mais au bout d’un an, elle abandonne. Trop formel, trop strict. Et rejoint son grand frère, Alexander, à New York.

Ensemble, ils parlaient anglais, pas néerlandais, et se sont tout de suite sentis à l’aise dans le grand « melting pot » new yorkais. Elle passe près de quatre ans au collège Marymount de Manhattan, où elle suit des études de commerce et effectue ensuite un stage dans une entreprise de restauration. « Sascha était pleine de vie, je dirai même effervescente, très curieuse des autres », se souvient James Cain, le beau-père américain de son frère. Elle serait bien restée aux Etats-Unis mais a dû revenir chez ses parents, dans la commune belge de Lanaken, frontalière des Pays-Bas, le temps de renouveler son visa.

Sascha n’hésite pas un instant quand Alexander, 29 ans, également de passage chez ses parents, lui propose de l’accompagner à New York, où il se rend pour assister à un mariage avec Cameron, son épouse américaine. Ils étaient sur le point d’embarquer pour leur vol quand ils ont été emportés par l’explosion du premier kamikaze à l’aéroport de Bruxelles, le 22 mars. « C’était l’une des rares fois où ils voyageaient ensemble », relève leur père, Edmond, aujourd’hui à la retraite.

Depuis, ils découvrent des pans ignorés de la vie de leur fille. Comme ce commentaire posté sur sa page Facebook après les attentats de Paris dans lequel elle s’élevait contre « la diffusion ignorante de sentiments anti-musulman qui ne font que renforcer l’Etat islamique ». Il y a aussi des révélations plus intimes, comme la présence d’un petit ami que Sascha avait récemment rencontré dans un club de gym à Maastricht qui s’est présenté à ses parents après les obsèques, le 1er avril.« Mais elle lui avait dit que la relation n’avait pas d’avenir car elle voulait avant tout retourner à New York », rapporte son père. Le maire de New York, Bill de Blasio, a d’ailleurs salué la mémoire de Sascha et d’Alexander dans un tweet en forme d’hommage :« Nous avons perdu deux des nôtres ».

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