Documentaire à 23 h 55 sur France 2

Seiji Ozawa. | © Camera Lucida

Dans l’académie qu’il a créée, le maestro japonais forme les jeunes instrumentistes à cordes par la pratique du quatuor (jeudi 28 avril, à 23 h 55, sur France 2).

Le chef d’orchestre Seiji Ozawa (né en 1935), au visage toujours juvénile en dépit de son âge et du cancer à l’œsophage qui, bien que vaincu, l’a éloigné des salles de concert puis contraint à réduire ses activités, aura eu une carrière internationale majeure. Révélé par le Concours international des jeunes chefs d’orchestre de Besançon, dont il remporte le premier prix en 1959, il est ­remarqué par Charles Munch, membre du jury, qui lui suggère d’aller, l’année suivante, au Festival de Tanglewood, aux Etats-Unis, pour y passer le Concours Serge Koussevitzky – que le jeune Japonais remporte également.

Après avoir été l’assistant de ­Leonard Bernstein et d’Herbert von Karajan, Ozawa est nommé directeur du Ravinia Festival (1964-1968), résidence estivale de l’Orchestre de Chicago, puis directeur musical des orchestres de Toronto (1965-1969) et de San Francisco (1970-1976), avant de prendre les rênes de l’Orchestre symphonique de Boston (1973-2002).

Transmetteur et pédagogue

Tout en dirigeant partout dans le monde, au concert comme à l’opéra, Seiji Ozawa n’a jamais cessé d’être un transmetteur et un pédagogue. L’une des preuves de cette profonde inclination est le nom qu’il a donné à l’orchestre d’élite qu’il a fondé au Japon en 1984, le Saito Kinen Orchestra, en référence à son professeur et mentor, Hideo Saito (1902-1974), dont il prolonge l’héritage artistique par cette activité en faveur des jeunes musiciens.

L’une des structures pédagogiques fondées par Ozawa, la Seiji Ozawa International Academy Switzerland, réunit des instrumentistes à cordes pendant une dizaine de jours avant de les faire se produire en concert. Reprenant en compte l’idée fondamentale de son professeur, selon qui la musique de chambre est une hygiène essentielle, Ozawa impose à ces jeunes musiciens l’exercice hautement formateur qu’est le quatuor. « Si vous étudiez le quatuor à cordes, vous êtes au cœur de la musique. Il n’y a pas de fioritures. Vous pouvez cerner la pensée d’un compositeur, et l’appliquer au répertoire solo ou au répertoire symphonique », confiait-il au quotidien suisse Le Temps du 26 juin 2014.

Un travail méticuleux et exigeant

La grande altiste japonaise ­Nobuko Imai, l’un des trois professeurs à l’académie, rappelle une vérité  : « La plupart des musiciens se destinent à devenir solistes et pensent surtout carrière et concours. Le travail en quatuor leur permet de devenir une personnalité à quatre, d’échanger, de donner son avis et de s’adapter aux autres. »

Sadao Harada, violoncelliste fondateur du Quatuor de Tokyo, demande à un groupe de quartettistes de créer « leur propre identité sonore », et d’ajouter cette remarque qui a la paradoxale caractéristique d’être une généralité autant qu’une vérité  : « Autrefois, en entendant deux mesures jouées par le Quatuor Juilliard ou par le Quatuor Amadeus, je les reconnaissais. Aujourd’hui, les quatuors sonnent tous pareil. »

Le documentaire parvient assez bien à se glisser dans les arcanes de ce travail méticuleux et exigeant, à montrer ce qui fait la spécificité d’un quatuor à cordes – le genre considéré comme le plus pur et noble de la musique savante occidentale. Les séances de travail, les propos des élèves, ceux d’Ozawa et des professeurs alternent avec quelques plages musicales, dont certaines captées lors du concert donné par l’académie en 2015 à la Fondation Louis Vuitton, à Paris.

Seiji Ozawa, le souffle de la musique, d’Olivier Simonnet (Fr., 2015, 53 min). Jeudi 28 avril, à 23 h 55, sur France 2.