1 300 mentions de master sont concernées par la sélection entre le M1 et le M2 | ERIC CABANIS / AFP

Dans quelles disciplines, et dans quelle mesure, les universités seront-elles autorisées à sélectionner leurs étudiants entre la première et la deuxième année de master, à partir de la rentrée ? A cette question, que se posent les étudiants qui commencent à envoyer leurs dossiers de candidature en master 2 (M2), la liste des formations sélectives révélée la semaine dernière ne permet pas de répondre de façon précise.

En effet, les 1 300 intitulés de formations autorisées à sélectionner leurs étudiants (sur un total de 3 000 environ) recouvrent des réalités très diverses : certains établissements ont adopté la nouvelle nomenclature prévue par un arrêté de 2014, avec des mentions de masters « générales » et proposant un grand nombre de places. Tandis que d’autres conservent leurs anciennes dénominations, avec parfois autant d’intitulés que de spécialités, qui accueillent chacune un nombre réduit d’étudiants. Aux dires de certains présidents d’universités, la mise en place de cette liste « limitative » a d’ailleurs donné du fil à retordre tant aux établissements concernés qu’au ministère, les uns et les autres s’apercevant de l’extrême diversité des intitulés des formations selon les lieux...

Le regroupement des formations par disciplines est enfin compliqué par le fait que deux masters au nom similaires peuvent être proposés dans des filières différentes.

Droit, économie et gestion en tête

L’exercice consistant à regrouper les formations par filières et par grands champs disciplinaires, s’il ne peut être qu’approximatif, est cependant riche d’enseignements. Comme le montre notre histogramme ci-dessous, la plupart des grands champs disciplinaires sont concernés, des Staps à la littérature, en passant par les sciences « dures » et les sciences sociales, à différentes échelles cependant.

Autre constat : près de 500 formations, soit environ 38 % des 1 300 listées, correspondent à des masters de droit, de finance, d’économie, de gestion ou encore de management. Un chiffre qui laisse perplexe Moran Macé, le président de l’Union nationale des étudiants en droits, gestion, AES, sciences économiques, politique et social (Unedesep), qui a dénoncé dans un communiqué « l’incohérence et l’incompréhension » de la liste annexée au décret.

« 255 mentions en droit ? Si cela concerne majoritairement des masters sous l’ancienne nomenclature, avec presque un master par spécialité, cela ne me choque pas. S’il s’agit de masters de la nouvelle appellation, le nombre devrait être bien inférieur, s’énerve-t-il. Le problème, c’est qu’on a aucun moyen de le savoir. Cela retombe encore une fois sur l’étudiant qui va devoir s’adresser à chaque établissement pour savoir s’il est passé, ou non, à la nouvelle nomenclature. »

La même interrogation se pose concernant la psychologie, discipline dans laquelle s’opère depuis plusieurs années une sélection à l’entrée en M 2, qui vaut titre pour s’établir comme psychologue clinicien. Seulement 39 formations seraient concernées, selon la liste publiée, la plupart y figurant sous la simple mention « psychologie ». « On peut imaginer que tous les masters de psychologie sont concernés », commente Harmonie Lekim, la présidente de la Fédération nationale des étudiants en psychologie (Fenepsy).

Les étudiants en psychologie voient de toute façon plus loin que ce décret, dont chacun sait qu’il n’apporte qu’une solution provisoire : « Nous sommes favorables à la sélection dès le master 1 », explique Mme Lekim, qui espère que la large concertation annoncée par le ministère aboutira à cette solution.