Le président Salva Kiir et son rival Riek Machar sur une même affiche à Juba. | ALBERT GONZALEZ FARRAN / AFP

Retour à la case vise-présidence pour Riek Machar. Le chef de la rébellion sud-soudanaise est attendu lundi 18 avril dans la capitale, Juba, pour prendre ses fonctions. Perçu comme une étape incontournable pour la mise en œuvre concrète d’un accord de paix jusqu’ici continuellement violé par les belligérants, son retour au gouvernement suscite un fragile espoir.

Riek Machar avait déjà occupé le poste de vice-président entre juillet 2011 – date de l’indépendance du Soudan du Sud – et juillet 2013. C’est son limogeage après des accusations de tentatives de putsch qui a précipité le début de la guerre civile. Le conflit a fait des dizaines de milliers de morts (le bilan exact est inconnu) et plus de 2,3 millions de déplacés.

Le président Salva Kiir avait réinstallé son rival à ce poste en février, permettant la relance de l’accord de paix signé le 26 août 2015, et qui prévoyait un cessez-le-feu et un mécanisme de partage du pouvoir. Son arrivée « permettra la formation d’un gouvernement de transition, l’étape la plus importante dans la mise en œuvre de l’accord de paix », estime Casie Copeland, de l’International Crisis Group (ICG), tout en prévenant que cela ne mettra pas fin au conflit.

Tensions à Juba

Malgré la signature de l’accord de paix, les affrontements n’ont jamais cessé. Les combats opposent aussi à présent de nombreux groupes armés aux intérêts souvent locaux et qui ne s’estiment pas soumis aux accords écrits.

A Juba même, les tensions sont vives avant cette semaine cruciale. Conformément à l’accord de paix, 1 370 soldats et policiers rebelles y sont revenus pour garantir la sécurité de Riek Machar. L’armée gouvernementale affirme, elle, n’avoir conservé dans la ville que les 3 420 soldats auxquels elle a droit. Ces hommes sont répartis dans différents camps disséminés dans et autour de Juba. Le restant des troupes, gouvernementales et rebelles, n’est pas autorisé dans un rayon de 25 km autour de la capitale.

Riek Machar, en janvier 2014 à Jonglei State au Sud Soudan. | GORAN TOMASEVIC / REUTERS

Un Etat au bord du gouffre

La rébellion a accusé l’armée d’avoir acheminé un surplus de troupes dans la ville, en violation de l’accord. Cette dernière a démenti. Les forces de maintien de la paix des Nations unies s’appuient, elles, sur 11 000 soldats, dont une grande partie assure la sécurité des civils réfugiés dans les huit bases onusiennes du pays.

Le gouvernement, comme l’opposition, a été accusés d’avoir commis des massacres à caractère ethnique, des viols, des tortures, des meurtres, d’avoir recruté des enfants et d’avoir provoqué des déplacements forcés de populations.

Riek Machar, qui affirmait l’an passé que la paix serait impossible tant que Salva Kiir serait au pouvoir, devrait rapidement prêter serment comme vice-président lors d’une cérémonie à laquelle sont censés assister l’ex-président malien Alpha Oumar Konaré, qui représentera l’Union africaine, et l’ancien chef d’Etat botswanais Festus Mogae, qui préside la Commission de surveillance et d’évaluation de l’accord de paix.