Le Centre pour l’innovation dans la gouvernance internationale a rendu public l’édition 2016 d’un sondage mondial, mené par l’institut Ipsos, portant sur la « confiance sur Internet ». Cette étude fait partie des rares études d’ampleur faites simultanément dans de nombreux pays – 24, dont la France, sur tous les continents.

Les réponses au sondage, qui date de la fin de novembre 2015, montrent un accroissement général des craintes pour la vie privée en ligne. Tous pays confondus, 57 % des répondants se disent plus inquiets pour leur vie privée qu’il y a un an. La progression est spectaculaire dans deux pays d’Afrique, le Kenya et le Nigeria, où 70 % des personnes ayant répondu se disent « beaucoup plus inquiètes » qu’il y a un an, et 9 % « un peu plus inquiètes ».

Pour de nombreuses questions, les écarts entre pays restent faibles. Près des trois quarts des sondés se disent favorables à la fermeture du dark Web – ce réseau anonyme non indexé par les moteurs de recherche utilisé aussi bien pour des activités illégales que par les lanceurs d’alerte et pour contourner la censure. De même, un peu plus de 60 % des répondants (beaucoup moins en Allemagne, au Canada et au Japon) estiment que les entreprises ne devraient pas « développer de technologies qui empêchent les forces de l’ordre d’accéder au contenu [des] conversations en ligne ». Le sondage a toutefois été fait avant le vaste bras de fer qui a opposé Apple au FBI américain sur la question du chiffrement utilisé par l’entreprise.

Spectaculaire bond de la crainte de la surveillance électronique en France

Dans l’ensemble des questions posées, la France se distingue sur deux points : seuls deux Français sur dix, parmi les personnes interrogées, estiment que l’Etat en fait assez pour protéger leurs données personnelles des entreprises privées – la moyenne mondiale est de 30 %.

Surtout, la France arrive nettement en tête des 24 pays en ce qui concerne les craintes de surveillance étatique. Quatre-vingt-un pour cent des sondés jugent « possible » ou « très probable » que leurs activités en ligne soient censurées ou surveillées – près de 20 points de plus que la moyenne.

Crainte de la surveillance électronique
chiffres de 2015
Source : Ipsos

Le chiffre est d’autant plus étonnant que le sondage précédent, mené à la fin de 2014, plaçait la France parmi les pays les moins inquiets en la matière. Il y a deux ans, seuls 46 % des Français sondés se disaient « un peu » ou « très » inquiets quant à une possible surveillance de leurs communications par leur propre pays, contre 61 % des répondants à l’échelle mondiale.

Le sondage dont les résultats ont été rendus publics cette semaine a cependant la particularité d’avoir été mené deux semaines après les attentats du 13 novembre.