Carly Fiorina et Ted Cruz, le 28 octobre 2015. | ROBYN BECK / AFP

L’« annonce majeure » du sénateur du Texas Ted Cruz, mercredi 27 avril, a toutes les allures du va-tout. Laminé par son rival Donald Trump lors des primaires pour l’investiture républicaine organisées la veille dans cinq Etats du nord-est des Etats-Unis, M. Cruz a tenté de perturber la dynamique qui profite actuellement au magnat de l’immobilier en dévoilant le nom de la personne choisie pour figurer sur un éventuel « ticket » présidentiel si d’aventure il recevait l’investiture républicaine. Il s’agit de l’ancienne responsable de Hewlett-Packard, Carly Fiorina, elle-même candidate cette année. Mme Fiorina avait renoncé prématurément après les primaires du New Hampshire, le 9 février. M. Cruz a choisi avec soin l’instant de l’annonce, pour éclipser le discours de politique étrangère prononcé quelques heures plus tôt par le milliardaire.

L’équipe de campagne de M. Trump a aussitôt diffusé un extrait d’un entretien de la seule femme de la course républicaine dans lequel cette dernière assurait que M. Cruz était « comme tous les politiciens, prêt à dire n’importe quoi pour se faire élire ». Une proximité idéologique évidente avait pourtant conduit Mme Fiorina à apporter rapidement son soutien au sénateur après son retrait. Elle n’a cessé en effet de mettre en avant, au cours de la campagne, ses convictions conservatrices, contre l’avortement et le mariage homosexuel, ainsi que sa foi qui lui a permis, dit-elle, de surmonter des épreuves personnelles – un cancer du sein ainsi que la mort d’une belle-fille, à 35 ans, victime « des démons de l’addiction ».

A une semaine de l’Indiana

L’ancienne responsable de HP, pugnace lors des débats républicains, avait crucifié M. Trump au cours de la deuxième confrontation télévisée à la suite de commentaires désobligeants du milliardaire sur son physique. Elle fait aussi figure d’atout face à la favorite du camp démocrate, Hillary Clinton. Mme Fiorina peut mettre en avant son expérience dans l’économie pour contrer celle de M. Trump et sa nouveauté alors que les électeurs républicains plébiscitent cette année les outsiders. Elle est enfin ancrée en Californie, Etat stratégique qui votera début juin et où M. Cruz ne fait pas figure de favori.

L’annonce inhabituelle de M. Cruz trahit cependant une fébrilité à moins d’une semaine d’un scrutin décisif dans l’Indiana, Etat qui pratique la règle du winner-take-all (le gagnant remporte tous les sièges en jeu). Le 3 mai, le sénateur du Texas doit impérativement triompher pour éviter que M. Trump ne se rapproche encore du seuil des 1 237 délégués requis pour obtenir automatiquement l’investiture du Parti républicain. Sa seule chance réside en effet dans l’incertitude d’une convention « ouverte ».

Jusqu’à présent, les mesures d’intentions de vote accordent une légère avance au milliardaire, qui s’est dit déterminé à l’emporter dans cet Etat. M. Cruz a également conclu une entente avec le troisième homme de la course républicaine, John Kasich, pour que ce dernier lui laisse les mains libres dans l’Indiana en échange de la réciproque au Nouveau-Mexique et dans l’Oregon. M. Trump, qui considère la course déjà jouée, a commenté sèchement l’annonce de mardi : « Une perte de temps. »