Certaines promesses laissent songeur. Les téléviseurs LG ont « la courbure idéale ». Les Sony jouent « la musique telle que l’artiste le souhaiterait ». Avant de contempler un écran Samsung, « vous n’avez encore jamais vu les couleurs ». Les fabricants stimulent nos désirs pour faire « monter en gamme » nos achats, quitte à prendre des libertés avec la réalité. Comment y voir clair ? Quelles technologies font vraiment la différence ?

Fluidité à 600 hz

Plutôt inutile

Ce chiffre correspond au nombre d’images affichées chaque seconde par l’écran. La différence est effectivement perceptible pour le sport et les films d’action : les images sont plus nettes, moins saccadées. Mais au-delà de 300 hertz, la différence devient imperceptible. Et comme le premier prix d’une TV 300 hz est tombé à 250 euros, on peut considérer que cette technologie s’est banalisée. Pourtant, côté fluidité, toutes les TV ne se valent pas. Pour parvenir à afficher plusieurs centaines d’images par seconde, les TV créent de nouvelles images, qu’elles intercalent entre les images de départ.

Certaines TV se débrouillent plus mal que d’autres : images floutées, légers scintillements, retards d’affichage gênants pour les jeux vidéo. Pour compliquer le tout, la fluidité dépend de la rémanence de chaque écran : le temps nécessaire à l’image pour disparaître et céder la place à la suivante. Quid du High Frame Rate (HFR) ? C’est une technologie différente. Elle fait légèrement progresser la sensation de réalisme. Mais les films et les séries tournés et diffusés en HFR sont extrêmement rares.

OLED

Utile

La qualité d’image des écrans OLED est réellement meilleure. Nos yeux sont habitués à la technologie LED, qui baigne les noirs dans un halo lumineux. Les noirs d’une TV OLED sont d’une profondeur frappante. Les scènes sombres sont plus réalistes, ou plus spectaculaires, selon la volonté du réalisateur. Hélas, on profite uniquement de l’OLED dans les pièces sombres. Dans une pièce très lumineuse, la lumière ambiante délave les noirs. Les TV à LED reprennent alors l’avantage car elles sont plus lumineuses.

Mais les TV OLED ont d’autres atouts. Elles affichent les mouvements quasiment sans traînée. Cela profite aux films d’action, aux jeux vidéo, au sport. Les balles de tennis ou de football sont plus nettes. L’OLED est également plus adapté aux familles nombreuses. Vues de côté, ses images demeurent très lisibles. Avec une TV ordinaire, elles perdent beaucoup de contraste. L’OLED est probablement la technologie la plus désirable à ce jour. Mais encore faut-il en avoir les moyens : comptez 2 000 euros minimum pour une TV OLED.

Ecran incurvé

Inutile

Au rayon TV d’un magasin, à un mètre d’un immense écran incurvé, la sensation d’immersion est effectivement agréable. Mais à la maison, dans des conditions classiques, à 2 ou 3 mètres d’un écran de taille moyenne, la différence est largement atténuée. Le maigre plaisir qu’on en retire diminue avec l’accoutumance. Pire, les personnes assises sur les côtés de la télé risquent de se plaindre, la courbure de l’écran nuisant à leur confort de vision.

Son Hi-Res

Inutile

On ne trouve aujourd’hui aucun film, aucune émission télé en « audio Hi-Res » (« haute résolution »). Et même si quelques programmes Hi-Res devenaient disponibles, entendrait-on la différence ? Les musiciens professionnels peinent à distinguer les morceaux Hi-Res d’un simple CD audio, même avec un matériel audio haut de gamme.

HDR

Plutôt utile

Nos téléviseurs adoucissent les lumières naturelles. Leurs images manquent de punch. Les fabricants ont trouvé une parade : augmenter la luminosité pour afficher des pics lumineux, jusqu’à quatre fois plus intenses qu’un téléviseur ordinaire. Les TV HDR (« High Dynamic Range ») sont loin d’afficher des images parfaitement naturelles, mais on note un vrai progrès. Nous avons assisté à une démonstration chez Eclair, une société qui travaille pour le cinéma français et européen. Sur la plupart des scènes, la différence est à peine notable. Le HDR ne creuse l’écart que sur les images très contrastées. Par exemple, les phares d’une voiture éblouissent, la carrosserie d’un avion brille et paraît plus réelle, le soleil miroite intensément dans la mer. Cette technologie offre aussi des bénéfices inattendus : certaines images paraissent plus nettes, plus profondes.

Mais pour l’heure, le catalogue de films et séries compatibles se limite à quelques programmes Amazon. On attend prochainement des films HDR sur Blu-Ray UHD, et à plus long terme, des séries sur Orange ou Canal+. Il faudra être patient avant de profiter du HDR au quotidien. Comment les téléviseurs UHD gèrent-ils les vidéos classiques ? Leur réserve de luminosité améliore-t-elle ces images non UHD ? « Il est impossible de diffuser des images ordinaires à de tels niveaux de luminosité », explique Cédric Lejeune, responsable de la recherche chez Eclair. « On verrait apparaître des “bandes” dans l’image. Pour éviter tout effet d’escalier, les programmes HDR sont enregistrés en 1 024 niveaux de luminosité, contre 256 niveaux pour une vidéo classique. » En outre, les vidéos HDR sont pensées pour prévenir la surchauffe. Entre deux pics lumineux, elles laissent l’écran refroidir. Les vidéos classiques ne sont pas pensées pour ça. Les téléviseurs UHD sont forcés de plafonner leur luminosité.

Couleurs plus riches

Plutôt inutile

Certains fabricants brandissent un graphique spectaculaire qui vante la supériorité de la norme de couleurs « REC2020 ». Ce graphique est un brin mensonger. « La plupart des nuances de couleurs supplémentaires sont difficiles à percevoir à l’œil nu. Et parmi celles que nous arrivons à discerner, beaucoup sont extrêmement rares dans la nature », explique Alain Sarlat, qui enseigne la couleur à l’école Louis Lumière.

Les couleurs ultra-saturées du REC2020 vivifient notamment les bleus. Mais au final, dans un film, « cela représente au mieux quelques plans ». Les TV actuelles restituent les couleurs naturelles de façon presque aussi convaincante. En outre, les programmes aux couleurs étendues sont très rares.

Télé connectée

Plutôt utile

On peut relier un smartphone à la plupart des TV connectées sans le moindre fil, grâce au Wi-Fi, pour afficher les photos et vidéos du mobile. Certains téléviseurs connectés intègrent aussi une webcam et Skype, le logiciel de visioconférence. C’est idéal pour discuter avec un proche à distance. D’autres sont équipés d’Android, le logiciel central de la majorité des smartphones. On peut donc profiter des jeux Android. Les autres atouts des TV connectées sont moins convaincants. Ils font doublon avec les fonctionnalités de nos box Internet : vidéo à la demande (VOD), TV de rattrapage (replay), lecture des vidéos sur clef USB, YouTube, Dailymotion, etc. La plupart des box savent le faire.

UHD/4K

Plutôt inutile

La majorité des Français ne verront pas la différence, mais les cinéphiles et les passionnés d’image devraient apprécier l’ultra-haute définition (UHD) maintenant que des films sont disponibles. Le niveau de détail des images monte, renforçant la sensation de naturel. Les émotions sont plus vives, parfois aussi plus crues. Les amoureux des arts vivants apprécieront : l’UHD renforce le naturel des pièces de théâtre ou de danse. Mais encore faut-il aimer les grandes images. Au cinéma, si vous choisissez toujours les sièges du fonds, l’UHD n’est pas faite pour vous. Car pour en profiter vraiment, un téléviseur de grande taille est nécessaire. Et il faut le regarder de près : deux mètres maximum pour un modèle 65 pouces (1 300 euros), trois mètres pour un 85 pouces (10 000 euros). Vous devrez peut-être réaménager votre salon pour rapprocher votre TV.

Côté programmes, la chasse aux contenus UHD est laborieuse. Les films et séries arrivent au compte-gouttes sur Netflix et sur disques Blu-Ray UHD. Certains abonnés fibre de Free profitent déjà d’une chaîne UHD qui diffuse des programmes au compte-gouttes, et Orange vient de lancer une box UHD. France Télévisions et Canal+ font des expérimentations sur des programmes sportifs. L’UHD ne deviendra pas la norme avant de très longues années. Quelle est la différence entre 4K et UHD ? Les images 4K sont légèrement plus larges, plus proches du format cinéma. Mais les sources 4K sont extrêmement rares.

Blu-Ray UHD

Plutôt utile, mais à confirmer

Voilà enfin le disque vidéo UHD que les cinéphiles attendaient depuis cinq ans. L’industrie du cinéma a décidé de marquer le coup en enrichissant la norme UHD de trois technologies complémentaires : le HDR, pour des lumières plus naturelles, les couleurs 10 bits plus riches, et les images à haute fréquence (HFR). Prises ensemble, ces quatre technologies garantissent des images plus vivantes, plus naturelles, plus émouvantes.

Il n’est pas certain que la différence soit suffisamment marquante pour séduire le plus grand nombre, mais une importante minorité de consommateurs pourrait se laisser convaincre. Avec des réserves assez nombreuses toutefois. Les premiers Blu-Ray UHD ne sont pas à la hauteur : ils font notamment l’impasse sur la technologie la plus prometteuse, le HDR. Pour l’heure, il nous paraît urgent… d’attendre. Les lecteurs compatibles Blu-Ray UHD coûtent 500 euros, les téléviseurs compatibles plus de 1 500. Et les disques sont facturés 35 euros l’unité.

En résumé

Vous n’êtes pas un grand consommateur de fictions ? Vous regardez essentiellement des émissions ? Aucune technologie de TV ne mérite votre attention, sauf peut-être la TV connectée.

Vous êtes un grand amateur de cinéma, de séries, de sports, d’arts vivants, de documentaire ? Trois technologies apportent un vrai plus. Elles réclament un budget de plus de 1 000 euros. L’OLED améliore la profondeur des noirs et la réactivité des images. La 4K/UHD rend les images plus naturelles, plus vivantes, surtout combinée au HDR. Elle nécessite cependant un grand écran positionné près du canapé. Nous vous conseillons fortement d’attendre. Les tarifs des TV OLED devraient chuter fortement dans les dix-huit mois.