Andre-Pierre Gignac avec le maillot de lOM, en 2014. | AFP / BORIS HORVAT

Lucho Gonzalez, Mbia, Diawara, Abriel, Niang, Azpilicueta Tanco, Rool, Morientes, Niang, Kaboré, Rémy, Gignac, Cheyrou, Ben Arfa, Heinze, Amalfitano, Morel, Hilton… Les noms de dix-huit joueurs figurent dans le document publié, mercredi 4 mai, par Le Canard enchaîné. Il synthétise le travail des enquêteurs depuis 2011 sur des transferts et rémunérations douteux réalisés à l’Olympique de Marseille. Résultat : 64,6 millions d’euros détournés des caisses du club entre 2009 et 2012.

L’extrait de procès-verbal, établi en octobre 2015 par le juge chargé de l’affaire, Guillaume Cotelle, est présenté sous la forme d’un tableau à trois colonnes, avec la date (du 1er juillet 2009 au 31 janvier 2012), le nom des joueurs et le montant en euros du préjudice estimé pour le club au bénéfice d’agents ou d’intermédiaires officieux.

« Transfert minoré » d’Hatem Ben Arfa

Le transfert d’André-Pierre Gignac de Toulouse à l’OM en 2010 serait ainsi à l’origine d’un détournement de 26,865 millions d’euros ; 8,4 millions pour l’achat de Lucho Gonzales en juillet 2009, un montant supérieur à la « clause » de sortie, note le document. Le nom de l’international argentin revient à trois reprises pour un montant total de 12,189 millions ; 3,495 millions pour le transfert à Fenerbahce de l’international sénégalais Mamadou Niang ; un petit peu moins, 3,2 millions d’euros, pour le « transfert minoré » d’Hatem Ben Arfa, auxquels s’ajoutent 150 000 euros de « commission agent sans contrepartie ».

Jusqu’ici, plusieurs anciens dirigeants du club marseillais ont été mis en examen dans cette affaire, après leur passage dans le bureau du magistrat instructeur, notamment l’ancien président du club Jean-Claude Dassier (2009-2011) et l’ex-directeur général Antoine Veyrat (2008-2011). Egalement entendu, une journée entière en décembre 2015 par le juge d’instruction, l’actuel président du club, Vincent Labrune, a été placé sous le statut de témoin assisté, aucune charge n’ayant été retenue contre lui.

Didier Deschamps, entraîneur de l’OM de 2009 à 2012, a également été mis en cause à la mi-avril. Dans l’édition du Journal du dimanche du 16 avril, la justice « s’interroge [ait] » sur les conditions de départ de l’actuel sélectionneur des Bleus, soupçonné d’un éventuel recel d’abus de biens sociaux dans le cadre de l’enquête sur les agents du club marseillais.

« Les sommes échappent au club »

Le juge avait signé le 7 décembre 2015 une « ordonnance de commission d’expert », selon le JDD, pour connaître « le salaire perçu annuellement » par l’actuel patron des Bleus, et « le montant de l’indemnité de départ versée ». Lié à l’OM jusqu’en 2013, Deschamps aurait dû, en cas de départ anticipé de son propre chef, verser des indemnités à son employeur en réparation du préjudice subi. Or il serait parti « avec de l’argent », assurait une source au club olympien.

« C’est le monde à l’envers », répondait Didier Deschamps dès le lendemain dans L’Equipe du 17 avril. « Lorsque j’ai résilié [mon contrat], le 2 juillet 2012, il y avait quatre avocats et Margarita Louis-Dreyfus [propriétaire de l’OM] en visioconférence. Il y a eu une transaction en bonne et due forme. Je ne comprends pas ce que l’on me reproche. Il n’y a rien. »

Deux jours après avoir assuré son maintien en Ligue 1, en gagnant pour la première fois en douze matchs (1-0) à Angers, dimanche 1er mai, en clôture de la 36e journée, le club marseillais, par ailleurs à vendre, espérait un peu de quiétude. « Les sommes versées par le club aux joueurs, aux agents, elles échappent aux clubs, a expliqué Christophe Bouchet, président de l’OM de 2002 à 2004, au micro de RMC Sports, mercredi 4 mai. Plus vous faites des mouvements, plus vous donnez la possibilité à d’autres de faire des affaires que vous ne contrôlez pas. »