Le premier ministre turc et président du Parti de la justice et du développement, Ahmet Davutoglu , le 3 mai au Parlement turc à Ankara. | UMIT BEKTAS / REUTERS

Le Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir en Turquie va organiser dans les semaines qui viennent un congrès extraordinaire, ont rapporté mercredi 4 mai les chaînes d’information NTV et CNN Türk.

Cette annonce laisse planer le doute sur l’avenir du premier ministre Ahmet Davutoglu, également à la tête de l’AKP. Les statuts de la formation prévoient en effet que le chef du gouvernement en soit le dirigeant.

M. Davutoglu a été reçu dans la soirée de mercredi par le président Recep Tayyip Erdogan pendant plus d’une heure et demie, une rencontre cruciale alors que des divergences sont apparues ces dernières semaines entre les deux hommes qui dirigent le pays depuis plus d’un an et demi.

Aucune déclaration officielle n’a été faite après cet entretien qui s’est déroulé au palais présidentiel à Ankara. Selon l’agence de presse progouvernementale Anatolie, le premier ministre doit s’exprimer jeudi après une réunion de la direction de l’AKP qui débute à 11 heures locales (10 heures à Paris).

Plusieurs crises d’ampleur

Selon le chroniqueur politique Abdülkadir Selvi interrogé sur CNN Türk,le premier ministre ne devrait pas être candidat à sa succession lors du congrès extraordinaire du parti et perdrait donc son maroquin. Si M. Davutoglu dirige officiellement l’AKP, M. Erdogan, censé être au-dessus de tout parti en tant que chef de l’Etat, dispose de nombreux fidèles au sein de la formation politique qu’il a fondée en 2001.

Les successeurs potentiels de M. Davutoglu sont nombreux et deux noms sont régulièrement cités par la presse : Binali Yildirim, vieux compagnon de route du président et actuel ministre des transports, et Berat Albayrak, ministre de l’énergie et gendre du chef de l’Etat.

Une instabilité au sommet de l’Etat serait lourde de conséquences alors que la Turquie traverse plusieurs crises d’ampleur : menace djihadiste, reprise du conflit kurde, guerre en Syrie, afflux de réfugiés...

Des dissensions sont récemment apparues entre MM. Davutoglu et Erdogan, notamment au sujet du placement en détention provisoire de journalistes pendant leur procès, mesure à laquelle le premier ministre s’est publiquement opposé.

La décision prise la semaine dernière par l’instance dirigeante de l’AKP de retirer à M. Davutoglu le pouvoir de nommer les responsables du parti à l’échelle locale avait déjà été perçue comme une mesure visant à saper son autorité.