L’avion détourné de la compagnie Egyptair, à l’aéroport Larnaka, à Chypre, le 29 mars. | GEORGE MICHAEL / AFP

Le pirate à l’origine du détournement, mardi 29 mars, d’un avion de ligne d’Egypt Air qui effectuait la liaison Alexandrie-Le Caire (vol MS 181), a été arrêté à Larnaka, sur l’île de Chypre, où il a fait atterrir l’appareil, a annoncé le porte-parole de la présidence chypriote.

Les autorités chypriotes se sont rapidement rendu compte qu’il ne s’agissait pas d’une affaire « terroriste », mais de « l’action individuelle d’une personne psychologiquement instable », selon un responsable gouvernemental.

Le pirate de l’air, un Egyptien de 58 ans, a exigé que son ex-épouse, une Chypriote avec laquelle il a eu plusieurs enfants, se rende à l’aéroport pour qu’il lui remette des documents. Il a ensuite « menacé de se faire exploser si nous ne ravitaillions pas en fuel l’avion, afin de lui permettre de redécoller de Chypre pour Istanbul, a raconté Ioannis Kasoulides, le ministre des affaires étrangères de Chypre. Lorsqu’il a pris conscience qu’il n’y avait pas beaucoup de chances pour que ses demandes soient satisfaites, il a autorisé les deux passagers britanniques encore présents dans l’avion à descendre, puis il est sorti et a tenté de courir avant d’être attrapé » sur le tarmac de l’aéroport.

Les fouilles menées après le détournement ont montré qu’il n’y avait aucun explosif dans l’avion, comme sur l’homme. « Nous avons examiné le dispositif qu’il portait : il était composé d’étuis de téléphone qui donnaient l’impression, ou voulaient donner l’impression, qu’il s’agissait d’explosif », a décrit M. Kasoulides.

Les passagers et l’équipage sains et saufs

La plupart des passagers du vol avaient été libérés dans la matinée. Sur les sept personnes qui restaient à bord, quatre ont été vues sortant de l’avion peu de temps avant l’annonce de l’arrestation du pirate. Tous les passagers et l’équipage sont sains et saufs, a assuré Chérif Fathy, le ministre de l’aviation civile.

D’après son ministère, « l’appareil transportait quatre Néerlandais, huit Américains, quatre Britanniques, deux Belges, un Français, un Syrien et un Italien ». Les autres passagers seraient égyptiens. L’aviation civile a assuré que l’avion transportait 81 passagers ; Egypt Air affirme qu’il y en avait 55. Selon le syndicat du personnel d’équipage, les membres d’équipage de l’avion « refus[aient] de quitter l’avion tant que tous les passagers [n’avaient] pas été libérés ».

L’attentat contre un avion russe le 31 octobre 2015 avait relancé le débat sur la sécurité dans les aéroports égyptiens. L’Airbus A321 de la compagnie aérienne russe Kogalymavia s’était écrasé avec 224 personnes à son bord près d’une demi-heure après son décollage de l’aéroport de Charm El-Cheikh. L’attaque avait été revendiquée par la Province du Sinaï, un groupe djihadiste local qui a prêté allégeance à l’organisation Etat islamique (EI) et qui avait assuré avoir introduit l’engin explosif à bord de l’avion dans une canette de soda.

Même si Le Caire a refusé de valider ce scénario pendant des mois la thèse d’un attentat terroriste a été confirmée par les services de renseignement occidentaux et russe. Les autorités égyptiennes ont, depuis, invité des experts en sécurité de plusieurs pays à contrôler leurs installations et ont signé un contrat avec la société britannique Control Risks pour une révision complète des normes de sécurité aériennes dans le pays.