Affiches dans les rues de Paris annonçant le retour des Guignols de l'info en décembre. | JOEL SAGET / AFP

Il aura suffi d’un tweet de Stéphane Guillon, repris par le site PureMédias, pour que resurgisse une nouvelle (petite) polémique sur « Les Guignols de l’info ». Lundi 14 mars, après un sketch sur la famille Le Pen, diffusé dans « Le Grand Journal », sur Canal+, l’humoriste a publié un tweet assassin qui a rallumé le débat autour des marionnettes :

Dans ce sketch — diffusé exceptionnellement en clair en raison d’un match de football proposé dans la foulée —, le père et la fille Le Pen, attablés avec le bureau politique du Front national, prononçaient de nombreux propos racistes et jouaient au pierre-feuille-ciseaux rebaptisé pour l’occasion « beur-feuj-négro ».

Le sketch des Guignols sur la famille Le Pen (à partir de 3’00) :

Les Guignols, l'intégrale du 14/03 - CANAL+
Durée : 08:51

De retour sur le plateau du « Grand Journal », l’animatrice Maïténa Biraben avait alors sollicité en direct une réaction de ses invités, dont Daniel Cohn-Bendit, qui avait répondu : « Ça ne me fait pas rire parce que c’était con. » Un avis partagé par les écrivains Philippe Sollers et Cécile Ladjali, également présents. Il n’en fallait pas plus pour relancer les discussions et les attaques sur la représentation de la famille Le Pen à la télévision.

Une équipe d’auteurs constituée depuis dix ans

Yves Le Rolland, producteur artistique des « Guignols », déclare au Monde que cette polémique « est une grosse merde ». « Je ne comprends pas. Ce sketch n’a aucune ambiguïté. On a fait des parodies sur les Le Pen des centaines de fois sans que cela fasse polémique. Les gens savent faire la différence », poursuit-il, soulignant que le sketch mis en cause n’a pas été écrit par les nouveaux auteurs mais par une autre équipe spécialement constituée depuis une dizaine d’années pour les histoires longues. « Les nouveaux auteurs dédiés à l’actualité n’ont donc rien à voir avec cette parodie, mais on cherche une nouvelle polémique là où il n’y en a pas. » Après la reprise en main de Canal+ par Vincent Bolloré, les quatre auteurs historiques, Lionel Dutemple, Julien Hervé, Philippe Meche­­len et Benja­­min Morgaine, ont été licenciés, à la fin de juillet 2015, et remplacés par de nouveaux auteurs sélectionnés parmi des centaines de candidatures.

Désormais diffusés « en crypté » entre 20 h 55 et 21 h 5, depuis la mi-décembre 2015, et ensuite sur le site Dailymotion, « Les Guignols » n’ont pas retrouvé leur pugnacité et leur notoriété d’antan. Avec 500 000 téléspectateurs en moyenne (2,4 % de parts d’audience), ils se maintiennent toutefois à flot avec un « Grand Journal » qui, de son côté, est tombé autour de 600 000 téléspectateurs quotidiens contre près de un million lorsque Antoine de Caunes était aux commandes. « On s’impose petit à petit », constate Yves Le Rolland, qui affirme que la direction de Canal+ version Vincent Bolloré lui « fout une paix royale ».