La verrière de la Bourse de commerce de Paris. | DR

L’industriel François Pinault a confié à l’architecte japonais Tadao Ando (74 ans), Prix Pritzker 1995, la réalisation de la fondation-musée que l’homme d’affaires doit implanter dans l’actuelle Bourse de commerce de Paris.

Le bâtiment se situe à l’extrémité orientale des anciennes halles centrales, à l’exact opposé de la canopée de Patrick Berger et Jacques Anziutti. Construite sur l’emplacement de l’ancien hôtel de Soissons, dont il ne subsiste que la colonne astronomique élevée en 1574, la Bourse a été successivement Halle aux blés, dès 1763, puis Bourse officielle des marchandises en 1886. Trois ans plus tard, la rotonde centrale est coiffée d’une immense verrière, restaurée au milieu des années 1990.

En 2009, Tadao Ando avait déjà réalisé pour François Pinault les réaménagements de la Pointe de la Douane où se trouve à Venise, ainsi qu’au Palazzo Grassi, une partie des collections d’art contemporain de l’industriel français. A Paris, le travail de l’architecte japonais sera supervisé par Pierre-Antoine Gatier, architecte en chef des monuments historiques.

Une agence fondée en 2008

Egalement mandatée sur le projet, l’agence NeM, fondée en 2008 par Lucie Niney, 33 ans (également chef de file du collectif Ajap 2014, commissaire associé pour le pavillon français de la Biennale d’architecture de Venise) et Thibault Marca, 39 ans. Le duo s’était signalé auprès de François Pinault après avoir remporté, face à soixante autres candidats, le concours pour la résidence Pinault Collection, une structure d’accueil d’artistes à Lens (Pas-de-Calais).

Dans l’ancien presbytère de la cité minière Saint-Théodore, la jeune agence parisienne a conçu un logement, dans le corps même de la maison curiale en brique, et un atelier, dans son jardin, l’ensemble destiné à un artiste en résidence. Le projet a été livré fin 2015 ; les premiers artistes, les New-Yorkais Melissa Dubbin et Aaron S. Davidson, y sont installés depuis le mois de janvier.

Plus de 10 000 m2

« Nous sommes à la fois surpris et contents d’avoir été choisis pour travailler sur la Bourse de commerce, avouent les jeunes architectes. C’est énorme pour nous de devoir travailler avec Tadao Ando. Il n’y a encore pas si longtemps, on l’étudiait à l’école. » Lucie Niney et Thibault Marca connaissent déjà le site de la Bourse de commerce. Ne serait-ce qu’à titre professionnel : c’est là, au Centre de formalités des entreprises, qu’ils sont venus pour créer la leur.

Sélectionnés pour le projet parisien de François Pinault « il n’y a pas si longtemps », selon les intéressés, les architectes disent ne pas avoir, pour l’heure, la moindre visibilité sur la nature précise du chantier auquel ils seront associés. Ils reconnaissent toutefois qu’en comparaison avec ce qu’ils ont conçu à Lens sur quelques centaines de m2, l’agence s’attelle à un projet d’une tout autre dimension. Plus de 10 000 m2 auxquels s’ajoutent de vastes espaces en sous-sol et, surtout, un immense volume central coiffé par l’imposant dôme-verrière.

A la question de savoir comment se positionner en tant qu’architectes face à un projet dont Tadao Ando devrait avoir le dernier mot, Lucie Niney n’a pas temporisé. « Le dernier mot, je ne sais pas, a aussitôt répliqué la jeune femme. Le premier mot, c’est sûr ! »