Interrogé par France Info sur les propos de son ministre de l’économie, Manuel Valls a eu un soupir agacé : « Supprimer l’impôt sur la fortune, qu’on peut toujours améliorer, rendre plus efficace d’un point de vue économique, serait une faute. » | ALAIN JOCARD / AFP

Les mots ont beau être prudemment choisis, l’effet n’en est pas moins explosif. Emmanuel Macron a allumé une nouvelle mèche en s’attaquant à l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), dans un entretien au magazine Risques. « Je pense que la fiscalité sur le capital actuelle n’est pas optimale », assure-t-il en préambule, avant de lâcher le fond de sa pensée : « Si on a une préférence pour le risque face à la rente, ce qui est mon cas, il faut préférer la taxation sur la succession aux impôts de type ISF. »

La phrase, prononcée dans cette revue confidentielle réservée aux professionnels de l’assurance, aurait pu rester sans lendemain, si Le Figaro ne l’avait pas repérée.

Interrogé par France Info sur les propos de son ministre de l’économie, Manuel Valls a eu un soupir agacé : « Supprimer l’impôt sur la fortune, qu’on peut toujours améliorer, rendre plus efficace d’un point de vue économique, serait une faute. »

Et le premier ministre d’ajouter, en guise d’énième avertissement à Emmanuel Macron : « Je demande à chaque ministre, puisqu’il reste encore un an, d’être pleinement attelé à sa fonction, à sa mission. »

Au programme de tous les candidats à droite

Si la suppression de l’ISF n’est pas à l’ordre du jour du côté de l’exécutif, elle figure bien au programme de tous les candidats de la primaire de droite, qui font une campagne active sur ce thème. Le patron du Medef, Pierre Gattaz, appelle, lui, à en finir avec cet impôt depuis 2014.

Pour Emmanuel Macron, cette sortie vient s’ajouter à une longue liste d’initiatives qui bousculent son camp à un an de la présidentielle. Dernière en date, cette interview, mardi 19 avril, au quotidien belge Le Soir, dans laquelle le ministre de l’économie reconnaît que son mouvement politique En Marche !, positionné « ni à gauche ni à droite », veut « nourrir un projet présidentiel ».

« Mais c’est seulement après avoir établi un diagnostic et proposé un plan d’action que se posera la question de la personne », précise-t-il, pour évacuer la question de sa candidature.

Autonomie

Chaque semaine qui passe, le ministre de l’économie semble gagner en autonomie vis-à-vis du chef de l’Etat. Après avoir créé son parti, il s’était rendu à Londres jeudi 14 avril, le soir de l’intervention télévisée de François Hollande sur France 2, pour y tenir un discours bien différent de celui du président.

Il avait notamment estimé qu’il était « compliqué de lancer des réformes à un an de la fin du quinquennat », manière de dire que la partie était déjà jouée. Au même moment, François Hollande assurait de son côté qu’il réformerait jusqu’au bout.

Plus surprenante encore est son intention de présider les fêtes de Jeanne d’Arc, à Orléans le 8 mai prochain, à l’invitation du maire Les Républicains de la ville, Olivier Carré. Au programme : une déambulation dans la ville et un bain de foule risqué en cette période de très faible popularité gouvernementale. Rien de tel pour vérifier que sa cote personnelle dépasse elle aussi « les clivages gauche-droite ».