L’année de terminale nécessite de préparer son bac et de choisir son orientation sur le site admission post-bac. AFP PHOTO / MARTIN BUREAU | MARTIN BUREAU / AFP

Les élèves de terminale ont jusqu’au 31 mai 2016 pour hiérarchiser leurs vœux d’orientation sur la plateforme Admission postbac (APB). « Un premier choix d’adulte pour leur orientation », estime Ferroudja Kaci, conseillère d’orientation au Centre d’information et de documentation jeunesse (CIDJ). Elle décrypte pour Le Monde.fr cette phase décisive pour l’accès à l’enseignement supérieur.

Comment fonctionne Admission postbac et en quoi est-ce important de bien classer ses vœux ?

La procédure Admission postbac est un algorithme qui fait le lien entre les vœux des futurs étudiants et les établissements de l’enseignement supérieur. Il garantit l’égalité en termes de traitement des candidatures. Une fois leurs dossiers envoyés aux différents établissements, les élèves sont invités à classer leurs choix par ordre de préférence, jusqu’au 31 mai.

Dans le cas de procédures sélectives – c’est-à-dire de toutes les filières en dehors de la licence classique – les chefs d’établissements font leur choix sans avoir connaissance du classement opéré par les élèves. Quand plusieurs établissements répondent favorablement à une candidature, c’est l’algorithme APB qui va répartir les élèves, en adéquation avec leurs vœux.

Dans le cadre d’une procédure non sélective, l’algorithme intervient pour placer l’élève dans un établissement en fonction de plusieurs critères, comme le secteur académique dont relève l’élève (en fonction de son lieu de résidence) ou l’ordre de classement de ses vœux.

Un élève ayant porté son premier vœu sur un établissement, qu’il soit sélectif ou non, sera prioritaire sur un élève qui ne l’aurait mis qu’en deuxième ou troisième choix. La hiérarchie des vœux sur APB détermine donc l’orientation du futur étudiant.

Faut-il procéder à des « stratégies » dans l’espoir d’être accepté dans un établissement ? Par exemple, mettre en premier choix un établissement qu’on a très peu de chance d’intégrer, dans l’espoir d’obtenir son deuxième choix ?

Je n’aime pas parler de « stratégies » pour désigner une orientation dans l’enseignement supérieur. L’orientation, c’est avant tout la construction cohérente d’un parcours. Mais il est vrai que si l’on hésite, on a intérêt à mettre en premier les filières sélectives, et les non-sélectives vers la fin.

Par contre, mettre en premier vœu une filière de prestige, comme une prépa à Henri IV, si on n’a aucune chance de l’obtenir compte tenu de son dossier scolaire, cela n’a pas de sens. Cela conduit juste à « griller » un de ses vœux. Autant le libérer pour mettre des vœux plus cohérents pour son projet et son profil.

Dans le cadre de filières sélectives, comment les établissements choisissent-ils leurs futurs étudiants ?

Les chefs d’établissements reçoivent les dossiers, dont certains ne sont pas anonymes. C’est le cas des classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) par exemple, qui demandent des lettres de motivation ou des curriculum vitae en plus du dossier scolaire.

Les notes et les appréciations des élèves sont, en tout cas, décisives. Mais on va également chercher à apprécier la progression du jeune sur l’ensemble de sa scolarité, parfois même depuis la classe de seconde. La cohérence du projet professionnel et l’investissement du jeune dans son choix d’établissement sont également des facteurs importants.

C’est pourquoi il faut se renseigner le plus tôt possible sur son orientation post-bac, se rendre aux journées portes ouvertes des établissements et aussi se dire que la meilleure formation n’est pas forcement la plus prestigieuse, mais celle dans laquelle on se sentira bien.

Si je postule à une filière dite « en tension » – droit, sport (Staps), médecine (Paces), psychologie –, comment dois-je procéder pour mon classement de vœux ?

On propose depuis cette année aux étudiants qui souhaitent rejoindre une filière « en tension » – signalée sur APB par une pastille jaune – de faire un vœu groupé. Ce vœu groupé leur permet de classer, par ordre de préférence, toutes les universités qui proposent cette filière au sein d’une même académie.

Si je souhaite faire du droit, ce système augmentera mes chances d’obtenir une place, mais il n’est pas certain que ce sera dans mon université de secteur, même si je l’ai placée en premier « sous-vœu ». Attention, ce choix groupé ne correspond en revanche qu’à une candidature. L’étudiant doit ensuite classer ce vœu groupé parmi ses autres vœux, dont au moins un vœu en filière ouverte – signalé sur ABP par une pastille verte.

Comment réagir si aucun de mes vœux n’est accepté ?

Si vous n’avez obtenu aucune réponse satisfaisante à l’issue des trois phases d’admission, qui se succèdent du 8 juin au 14 juillet, vous pouvez vous inscrire à la procédure complémentaire, qui propose aux candidats les places restées vacantes dans les établissements.

Mais s’inscrire à tout prix à l’université, dans une filière qui ne vous intéresse pas vraiment, pour se réorienter au bout de quelques mois, n’est pas le choix le plus judicieux. Autant différer son projet d’orientation pour se repositionner en connaissance de cause sur APB l’année suivante et mûrir son projet professionnel. Il faut savoir que les bacheliers concernés resteront prioritaires sur APB.

Prendre une année sabbatique pour se consacrer à un service civique, un projet de mobilité à l’étranger sont donc des pistes à explorer. Une telle démarche peut consolider un dossier fragile à l’issue de l’enseignement secondaire.