La Confédération africaine de basket-ball (FIBA Afrique) l’a rejeté dès l’annonce de sa création, craignant une concurrence. Les fédérations nationales de basket-ball, comme celles du Nigeria et de la Côte d’Ivoire, n’en veulent pas du tout. Mais l’African Basketball League (ABL), qui se veut précurseur de la professionnalisation de la balle au panier sur le continent, sous le format de la NBA américaine, n’entend pas mettre un terme à ses activités.

Après Lagos début mars, elle a posé ses valises à Abidjan (demi-finales les 13 et 14 mai puis finales les 27 et 28 mai) pour un nouveau tournoi, l’Abidjan Basket Challenge. Il regroupe les Gabonais d’Izobe de Libreville, les Nigérians de Lagos Islanders et Lagos Stallions, ainsi que les Ivoiriens d’Abidjan Ramblers. Toutes ces équipes étaient déjà présentes au Nigeria, il y a deux mois. A l’exception des Rapids de Dakar et les Warriors de Lagos, non invités, cette fois, dans la capitale économique ivoirienne

Un salaire mensuel de 3 000 dollars

« Il n’y a qu’en Afrique que le basket-ball n’est pas professionnel », constate Mohamed Haïdara, vice-président d’Abidjan Ramblers, une équipe créée sous le statut de société sportive de droit ivoirien. « Le continent a tout à gagner avec ce que nous faisons parce que nous donnons une valeur économique à des sportifs. Aujourd’hui, le projet ABL, ce sont douze athlètes recrutés dans chacun des clubs et qui sont rémunérés mensuellement. Ils ne font que du basket-ball », explique-t-il. Le salaire payé aux athlètes, relève Mohamed Haïdara, oscille entre 900 et 3 000 dollars, alors que dans les championnats nationaux, peu de basketteurs touchent 300 dollars.

Initiée en octobre 2015 et dévoilée le 16 décembre, l’ABL est dirigée par un ancien basketteur de la NBA, le Nigérian Obinna Ezekie. Il avait entamé sa carrière aux Grizzlies de Vancouver (1999-2000) avant de l’achever au MBK Dynamo Moscou (2006-2007). Son ambition : faire de cette compétition un grand championnat avec des équipes professionnelles issues d’une dizaine de pays du continent, afin de donner un nouveau souffle au basket africain. Des pays de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique centrale constitueront la prochaine étape de l’expansion du projet.

« Nous avons désormais l’opportunité de capter les meilleurs talents du continent plutôt que de les laisser partir vers d’autres cieux et connaître des fortunes diverses. Il y a donc une possibilité de nivellement du niveau du basket-ball en Afrique », précise Mohamed Haïdara.

Dans la pratique, l’ABL, qui s’inspire de la NBA, préfère d’abord donner une couleur africaine à ses compétitions. Ainsi, au cours des rencontres, en lieu et place des pom-pom girls que l’on retrouve aux Etats-Unis, ce sont les artistes locaux qui sont cooptés. A Abidjan, l’animation sera assurée par le DJ Arafat, le disc-jockey le plus en vogue au sein de la jeunesse ivoirienne.

« Une initiative à encourager »

« Le basket ne peut être indéfiniment amateur sur le continent. Avec l’ABL, on voit que des joueurs, qui étaient allés sous d’autres contrés en Europe ou aux Etats Unis, sont revenus évoluer dans nos équipes. Ils vivent de leur sport, c’est déjà quelque chose. C’est une initiative privée à encourager et non à combattre », assure le dirigeant.

Un appel, qui peine à trouver un écho favorable au sein des fédérations nationales. Car, à l’annonce de la tenue du rendez-vous d’Abidjan, Mohamed Haïdara a été interdit, par la Fédération ivoirienne de basket-ball (FIBB), de toute activité liée au basket-ball au plan national, tout comme son président, Aboubakari Touré. En outre, deux internationaux ivoiriens participant à ce tournoi ont, eux, été suspendus pour une durée de deux ans. Cependant, tous peuvent encore compter sur le soutien du gouvernement ivoirien qui a finalement autorisé l’organisation de l’événement. Un désaveu pour la FIBB qui visiblement n’en a cure.

« Nous avons agi avec la caution de la FIBA Afrique qui n’a pas autorisé cette ligue. Elle nous menace de sanction si nous laissons cette compétition prospérer. Elle est belle et bien interdite à Abidjan », a soutenu jeudi, en conférence de presse, Sallh Maury, porte-parole de la FIBB.

« Nous avons eu des démarches pour présenter à la fédération notre projet. Nous ne sommes pas affiliés à elle, mais nous sommes prêts à collaborer. Qu’elle comprenne que nous sommes déterminés à aller au bout de notre projet », a aussitôt réagi Mohamed Haïdara.

D’un côté comme de l’autre, les positions restent bien tranchées et les passes d’armes ne cessent de se multiplier par presse interposée.