Le sourire charmeur d’Amir n’est pas inconnu des téléspectateurs français. En 2013, il avait atteint les demi-finales de la saison 3 de l’émission « The Voice », sur TF1. | JONATHAN NACKSTRAND / AFP

Cette fois, c’est la bonne. La France tient le candidat qui pourrait enfin lui permettre de remporter l’Eurovision. En tout cas, les bookmakers anglais classent Amir parmi les favoris d’un concours que la France n’a plus remporté depuis 1977. A l’époque, Marie Myriam chantait L’Oiseau et l’Enfant. Samedi 14 mai, c’est le Franco-Israélien de 31 ans qui représentera l’honneur de la nation dans le télécrochet le plus regardé du monde, avec son tube « J’ai cherché ». Malgré ce statut de favori, Amir assure avoir « encore tout à prouver » samedi.

« C’est un mec incroyable, charmant, sexy, sympa… », énumère Nathalie André, directrice des divertissements de France 2, qui a participé activement à sa sélection. Un physique avantageux que France Télévisions met volontiers en avant. En témoigne l’affiche géante exhibée sur le bâtiment du groupe de télévision publique, diffuseur de l’Eurovision.

Le sourire charmeur d’Amir n’est pas inconnu des téléspectateurs français. En 2013, il avait atteint les demi-finales de la saison 3 de l’émission « The Voice », sur TF1. Un profil télégénique qui tranche avec celui de Lisa Angell, candidate malheureuse de l’édition 2015. Sa chanson N’oubliez pas n’avait pas franchement séduit les téléspectateurs européens, qui l’avaient classée en vingt-cinquième position. La prestation de la chanteuse avait même été qualifiée de « ringarde » par Laurent Fabius.

« Nous avons pris un coup de bâton sur la tête. Ma connerie est d’y être allée avec une voix plutôt que d’y être allée avec Enrique Iglésias. Je suis prête à prendre ma revanche pour 2016 et je m’y mets dès aujourd’hui », avait alors confié Nathalie André à Média+. Avec Amir, elle tient donc son Enrique Iglesias, et l’ancien ministre des affaires étrangères ne devrait pas être déçu devant sa télé samedi.

Amir - J'ai cherché (France) 2016 Eurovision Song Contest
Durée : 03:00

« Gai, positif et chaleureux »

Car avec « J’ai cherché », c’est un véritable « tube » que l’équipe se vante d’avoir dégoté. « On l’a sélectionnée parmi 280 chansons. On a été surtout séduits par son côté gai, positif et chaleureux, explique Nathalie André. Quand on l’a contacté, ensuite, on a espéré très fort qu’il accepte de représenter la France. »

Né dans le 12e arrondissement de Paris, le 20 juin 1984, d’un père d’origine tunisienne et d’une mère maroco-espagnole, il déménage à Sarcelles (Val-d’Oise) avant de partir en Israél, son second pays, à l’âge de 8 ans. Là-bas, il participe en 2006 à l’équivalent local de la « Nouvelle Star ». « Ça n’a pas vraiment marché », confie-t-il. Mais très vite après l’émission, la vraie vie reprend le dessus et Amir commence des études pour devenir dentiste. Une belle gueule bien faite, donc. Et la panoplie du gendre idéal ne s’arrête pas là. Loin des errances souvent associées au showbiz, Amir ne désire qu’une chose : « Avoir au moins cinq ou six enfants », confiait-il au magazine Gala en 2014.

Un refrain controversé

Parallèlement à ses études, Amir a continué à chanter, jouer et composer. « C’est important de faire quelque chose pour l’âme », justifie-t-il. L’étincelle lui vient une nuit de décembre 2014 alors qu’il compose avec son ami Nazim : « On a écrit cette chanson sur une grille de quatre accords. On a trouvé ce refrain qui commençait par “Youhouhou”, et on a enchaîné naturellement sur l’anglais ! » Il ne le sait pas encore, mais cette chanson, « J’ai cherché », lui ouvrira les portes de l’Eurovision 2016. Particularité ? Le refrain est en anglais. Un détail qui n’a pas plu à André Vallini, secrétaire d’Etat chargé du développement et de la francophonie.

Fréquemment débattue depuis la création de l’Eurovision, l’obligation pour les candidats de chanter dans la langue de leur pays a fait l’objet de nombreuses polémiques et d’allers-retours dans le règlement du concours. En 1999, il a été définitivement décidé de laisser aux interprètes le choix de la langue.

Amir assure avoir vécu la polémique « en spectateur ». D’ailleurs, « J’ai cherché » rencontre un certain succès dans toute l’Europe. « Le clip a atteint plus de cinq millions de vues sur YouTube, et le titre est déjà classé dans douze pays ! », souligne Nathalie André. Le titre figure sur le deuxième album d’Amir, Au cœur de moi, sorti le 29 avril.

Pour faciliter cette conquête de l’Europe qui pourrait mener au sacre d’Amir, samedi, la chanson a été déclinée dans plusieurs langues. Les Italiens ou les Grecs par exemple n’ont donc plus aucune excuse pour ne pas voter pour le candidat français.