Chef de file du camp favorable au « Brexit », l’ex-maire de Londres, Boris Johnson – ici le 15 avril 2016 – estime que le Royaume-Uni peu « prospérer comme jamais » hors de l’Union européenne. | OLI SCARFF / AFP

« Napoléon, Hitler, plusieurs personnes ont essayé de le faire, et cela s’est terminé de manière tragique. L’Union européenne est une autre tentative avec des méthodes différentes. » Dans un entretien au Sunday Telegraph, l’ex-maire conservateur de Londres, Boris Johnson, a affirmé dimanche 15 mai qu’en tentant de créer un super-Etat européen, l’Union européenne (UE) suivait le chemin d’Adolf Hitler et de Napoléon.

A moins de six semaines du référendum sur le maintien de la Grande-Bretagne dans l’UE, le chef de file du camp pro-« Brexit » a rappelé que l’histoire de l’Europe avait été marquée depuis deux mille ans par des tentatives répétées de rassembler le continent sous un seul et unique gouvernement, comme pour imiter l’Empire romain. Avant de souligner l’absence de « loyauté envers l’idée d’Europe » :

« Mais fondamentalement ce qui manque, c’est l’éternel problème, à savoir qu’il n’y a pas de véritable loyauté envers l’idée d’Europe. Il n’y a pas d’autorité unique qui puisse être respectée ou comprise. C’est la cause de cet immense vide démocratique. »

Martelant que le Royaume-Uni pouvait « prospérer comme jamais auparavant » en quittant l’UE, Boris Johnson – membre du Parti conservateur du premier ministre, David Cameron, qui milite, lui, pour le maintien du pays dans l’Union – s’est attiré les foudres des responsables et des députés du Parti travailliste d’opposition.

L’opposition dénonce un « sale jeu »

Pour Hilary Benn, porte-parole du Parti travailliste pour les questions d’affaires étrangères, l’ancien maire de Londres a perdu toute conscience morale : « Après l’horreur de la seconde guerre mondiale, l’UE a contribué à mettre fin à des siècles de conflits en Europe, et pour Boris Johnson faire cette comparaison est à la fois offensant et un signe de désespoir », a-t-il déclaré dans un communiqué.

« Boris a touché une nouvelle fois le fond en comparant l’UE à Hitler », a commenté la députée travailliste Angela Rayner sur Twitter où les mots-clés « EU to Hitler » étaient parmi les cinq les plus tweetés dimanche. Une autre figure du Labour Party, Yvette Cooper, également opposée à tout « Brexit », a estimé que l’ancien maire de Londres jouait à un « sale jeu ».

Dénonçant une « comparaison scandaleuse », le ministre des finances finlandais, Alexander Stubb, s’est également indigné sur Twitter : « Que se passe-t-il dans le berceau du bon sens et de la civilisation ? »

Favori pour succéder à Cameron au 10 Downing Street

Boris Johnson n’en est pas à sa première déclaration controversée. Le mois dernier, il avait été accusé de racisme à l’égard du président américain, Barack Obama, en lui attribuant un penchant antibritannique lié à ses origines « en partie kényanes ».

Dimanche, il a reçu le soutien de Nigel Farage, le chef du parti europhobe et anti-immigration United Kingdom Independence Party (UKIP), qui a affirmé au Mail on Sunday qu’il le soutiendrait pour succéder à David Cameron en tant que premier ministre.

Plusieurs experts de la vie politique britannique estiment que David Cameron serait contraint de démissionner, dans le cas où le « Brexit » l’emporterait lors du référendum du 23 juin, et que Boris Johnson serait l’un des favoris pour lui succéder.

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