Une des nouvelles questions de l'examen du permis de conduire. | Sécurité routière

16,7 % de réussite, contre 70 % d’ordinaire. Le nouvel examen du code de la route s’est soldé, en début de semaine, par un franc échec des candidats. Pour corriger le tir, la délégation à la sécurité et à la circulation routières (DSCR) du ministère de l’intérieur a annoncé le retrait provisoire des questions ayant posé le plus de difficultés et l’ouverture de places supplémentaires, en mai, pour que ceux qui ont échoué à l’examen puissent le repasser « rapidement » et « gratuitement ».

Pour Mathieu Forets, coordinateur pédagogique du Club d’éducation routière Centre Atlantique – entreprise membre de l’association nationale Ecole de conduite française et de la Chambre nationale des salariés responsables (syndicat des enseignants de la conduite) –, ce faible taux de réussite était prévisible.

Comment expliquer l’échec important au nouvel examen ?

A chaque modification de l’examen, il y a une baisse du taux de réussite, nous y étions donc préparés. Mais le fait qu’il ait autant diminué reste une mauvaise surprise. Il y a eu plusieurs réformes du code de la route depuis 2000. Celle-ci s’inscrit dans la lignée du nouveau référentiel de formation à la conduite.

Le Programme national de formation, qui avait été mis en place en 1989, a été remplacé par le Référentiel pour l’éducation à une mobilité citoyenne par un décret de 2013. Il est entré en vigueur le 1er juillet 2014. En deux ans, ce nouveau référentiel n’a pas été totalement intégré.

Quelles en sont les grandes lignes ?

Il est basé sur une approche plus psychologique de la formation et débouche donc sur des questions, à l’examen, qui laissent plus de place à l’interprétation et à la subjectivité. Il met l’accent sur une meilleure compréhension de « qui je suis et comment je conduis », ce qui est plus complexe que la partie technique. Car les études européennes montrent que les accidents de la route ne sont pas liés à une mauvaise maîtrise technique du véhicule mais à une prise de risque.

Dans l’apprentissage, il faut donc transmettre des connaissances techniques, mais aussi insister sur la compréhension des règles, pourquoi elles sont respectées ou pas. Si on ne respecte pas une limitation de vitesse, ce n’est pas parce qu’on n’a pas compris le panneau mais parce qu’on pense avoir une bonne raison de ne pas le faire.

Les auto-écoles n’ont pas su préparer leurs élèves à cette approche ?

Si la profession comptait trois auto-écoles et sept enseignants, ce serait plus facile. Mais il y a plus de 10 000 auto-écoles et quelque 20 000 enseignants en France. Il est sûr qu’une bonne partie des auto-écoles sont restées sur l’ancien modèle, d’une correction des tests grâce à un support DVD.

Il y a une question de budget : on nous demande que le permis coûte le moins cher possible. Or, mobiliser un enseignant pour expliquer pourquoi les règles doivent être respectées coûte plus cher que de diffuser un DVD.

Et tout a été très vite. Le nouveau référentiel n’est obligatoire que depuis le 1er juillet 2014 et les professeurs n’ont su que fin février que de nouvelles questions allaient être introduites dans l’examen du code de la route. Les auto-écoles et les fournisseurs de DVD ont eu moins de deux mois pour se préparer. Et les questions anticipées n’étaient pas forcément celles qui ont été proposées à l’examen…

La réaction du ministère est-elle appropriée ?

Le ministère est pragmatique. Il a décidé de retirer provisoirement les questions qui posent le plus de problèmes. On ne va peut-être pas retrouver tout de suite un taux de réussite de 70 % mais cela va rentrer dans l’ordre.

Comment cela va-t-il se passer pour celles et ceux qui ont échoué à l’examen du code ? Vont-ils devoir repayer pour le repasser ?

Jusqu’à présent, l’élève payait à l’auto-école des frais d’accompagnement, variables selon les auto-écoles, qui étaient compris dans son contrat. Mais l’organisation de l’examen du code change le 1er juin : l’élève ne paiera plus ces frais-là mais devra payer 30 euros à l’Etat dans un premier temps, puis à l’organisme qui organisera l’examen. C’est sans doute pour cela que le ministère a annoncé que des places seraient ouvertes en mai pour que ceux qui ont échoué puissent repasser l’examen gratuitement, avant juin.