Un policier kényan frappe un manifestant à terre, le 16 mai 2016, à Nairobi, la capitale du Kenya. | Ben Curtis / AP

Le chef de la police kényane a ordonné, mardi 17 mai, l’ouverture d’une enquête interne après que des policiers ont été filmés en train de battre un manifestant étendu au sol au cours de la violente répression d’un rassemblement de l’opposition. La police antiémeute avait dispersé lundi, notamment à l’aide de gaz lacrymogènes, plusieurs centaines de manifestants marchant vers l’Independent Electoral and Boundaries Commission (IEBC – la « Commission électorale indépendante »), dans le centre de Nairobi ; une institution qu’ils jugent partisane et dont ils demandent la dissolution avant la présidentielle du 8 août 2017.

Plusieurs manifestations contre l’IEBC ont été organisées par l’opposition depuis le 25 avril. Lundi, certains manifestants ont lancé des pierres sur les policiers après que ceux-ci ont commencé à disperser le rassemblement. « Une enquête interne est en cours pour déterminer si des officiers de police ont violé la loi en réprimant les émeutes », a déclaré à la presse Joseph Boinnet, le chef de la police kényane, tout en condamnant « l’anarchie que les émeutiers ont imposé hier [lundi 16 mai] au public ».

Matraquage d’un homme inconscient

Un policier kényan frappe un manifestant à terre, à Nairobi, la capitale du Kenya, le 16 mai 2016. | BEN CURTIS / AP

Une vidéo, relayée par la presse, montre un homme tomber au sol en tentant d’échapper à la police. Trois policiers se relayent alors pour rouer de coups de pied et de bâton son corps inanimé étendu sur le trottoir. « Les officiers qui ont violé par leur brutalité les droits des citoyens doivent faire l’objet d’une procédure disciplinaire et de poursuites pénales », a pour sa part soutenu Isaac Okero, président de l’ordre des avocats du Kenya, condamnant « le matraquage d’un homme semblant inconscient et non armé ».

L’organisation non gouvernementale Amnesty International a, elle, déploré, dans un communiqué, une « violation flagrante des droits humains » et un « usage arbitraire et abusif de la force, illégal en vertu des droits kényan, régional et international ». Elle a en outre appelé à une enquête « impartiale » et des « procédures équitables » contre les policiers responsables.

La coalition d’opposition emmenée par Raila Odinga et plusieurs organisations de la société civile réclament la dissolution de l’actuelle Commission électorale, qui avait organisé la présidentielle de 2013 remportée par Uhuru Kenyatta. Le résultat avait été contesté par M. Odinga. Ancien premier ministre dans le gouvernement d’unité nationale formé après les violences postélectorales de 2007-2008 (plus de 1 100 morts), M. Odinga estime que l’IEBC est favorable au camp présidentiel et n’est pas en mesure de garantir l’équité de la prochaine présidentielle, prévue le 8 août 2017.