Manifestation le 15 avril devant le syndicat des journalistes au Caire, contre la rétrocession de deux îles de la Mer rouge à l’Arabie saoudite. | Amr Nabil / AP

Un tribunal égyptien a condamné, samedi 14 mai, 51 manifestants à deux ans de prison pour avoir participé au Caire à des rassemblements dénonçant la rétrocession de deux îles de la Mer rouge à l’Arabie saoudite. Ils étaient jugés pour « manifestation sans permis » et « attroupement », ont précisé des responsables de la sécurité et de la justice. Selon des avocats de la défense, 33 condamnés sont en détention.

Le 25 avril, jour férié commémorant la restitution du Sinaï par Israël en 1982, plusieurs mouvements laïcs et de gauche avaient appelé à manifester contre la politique répressive du gouvernement, prenant prétexte de la rétrocession controversée des îles de Tiran et Sanafir. Leurs rassemblements avaient été rapidement dispersés à coup de gaz lacrymogènes par la police, qui avait procédé à des dizaines d’arrestations, dont 43 journalistes qui couvraient les manifestations.

Audience fermée à la presse

Des ONG de défense des droits de l’Homme accusent le président Abdel Fattah Al-Sissi de diriger un régime ultra-autoritaire et répressif depuis qu’il a destitué en 2013 son prédécesseur islamiste démocratiquement élu, Mohamed Morsi.

Hossam Al-Khadrawy et Ahmed Abdel Latif, deux avocats de la défense qui on assisté à l’audience – fermée à la presse –, ont confirmé le verdict, précisant qu’ils allaient faire appel pour leurs clients.

Depuis la vague de critiques déclenchée par la rétrocession des deux îles, les autorités égyptiennes ont interpellées plusieurs opposants, notamment deux journalistes et un célèbre avocat, les accusant d’avoir incité à manifester contre le gouvernement.

En 2013, policiers et soldats avaient tué plus de 1 400 manifestants réclamant le retour de M. Morsi. Des dizaines de milliers de personnes ont été emprisonnées depuis, et des centaines, dont M. Morsi, condamnées à mort dans des procès de masse expéditifs. Avec 29 journalistes derrière les barreaux, l’Egypte figure au second rang, derrière la Chine, pour la répression contre les médias, selon un rapport du Comité de protection des journalistes de décembre 2015.