Des supporteurs nîmois manifestant pour la défense de leur club, le 22 novembre 2014, à Nîmes. | PASCAL GUYOT / AFP

Franchement, qui aurait parié que le Nîmes olympique vivrait une fin de saison aussi tranquille ? En ce printemps, le club gardois a gagné le droit à l’anonymat qu’offre le milieu de classement. Avec ses matchs sans enjeu, dénués de pression. Et personne, du côté du stade des Costières, ne s’en plaindra. Douzièmes de Ligue 2, les « Crocos » accueillent Laval, quinzième, vendredi soir. L’affiche n’est pas clinquante, peu importe. L’essentiel est ailleurs. La victoire ne sera pas impérative, le maintien assuré. Voilà bien un luxe dont bien peu de supporteurs nîmois pensaient pouvoir profiter cette saison.

Petit flash-back. A l’été 2015, le Nîmes olympique commence le championnat avec un boulet de huit points de pénalité. Une sanction décidée par la commission supérieure d’appel de la Fédération française de football, en mai, puis confirmée en juillet par le Comité national et olympique et sportif français. Le club se voit ainsi puni car certains de ses ex-dirigeants sont soupçonnés par la justice d’avoir tenté d’arranger des matchs lors de la fin de saison 2013-2014, afin d’assurer le maintien en Ligue 2. En novembre 2014, l’ancien président Jean-Marc Conrad, et Serge Kasparian, actionnaire du NO à l’époque, sont mis en examen pour « corrup­tion active ou passive dans le cadre de manifestations sportives pouvant don­ner lieu à des paris sportifs ».

Lorsque Le Monde se rend à Nîmes, au début de novembre 2015, l’équipe peine à se remettre de cet infamant sparadrap qui lui colle aux crampons, celui de la désormais fameuse « affaire des matchs truqués » — dont l’enquête judiciaire, aujourd’hui, patine, selon nos informations. Et comme si les huit points de pénalité ne suffisaient pas, les débuts de championnat sont laborieux.

« A moins d’un miracle… »

Les mauvais résultats s’enchaînent, notamment à domicile, où les « Crocos » accumulent six nuls et une défaite lors de leurs sept premières rencontres aux Costières. A l’époque, après un revers face à Sochaux (0-2), le 6 novembre, un vieux supporteur peste contre une « équipe d’ânes » et assure, à propos de son équipe : « Ils n’ont aucune chance de s’en sortir. A moins d’un miracle… »

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Le 21 novembre, l’entraîneur José Pasqualetti démissionne, après une qualification aux tirs au but en Coupe de France face à un modeste pensionnaire de Division d’honneur (la sixième division), Frontignan. En Ligue 2, Nîmes occupe alors la place de lanterne rouge, avec seulement quatre points au compteur, à dix points du premier non-relégable. Un bilan désastreux après quatorze journées, soit plus d’un tiers du championnat.

Il faut se rappeler cet automne maussade pour mesurer à quel point les « Crocos » ont depuis rectifié une trajectoire qui semblait alors les emmener tout droit vers le National. S’il y en a pourtant un qui y a toujours cru — ou fait mine d’y croire —, c’est bien le président, Christian Perdrier. « On a de bons résul­tats, tous les clubs disent que ce n’est pas facile de jouer contre nous, donc ça mar­che », assurait-il au début de novembre, dans ce qui ressemblait à une surréaliste méthode Coué. Avec le recul, il l’admet désormais : « Je m’étais dit que ce serait l’angoisse jusqu’à la fin [de la saison]. On n’imaginait pas être maintenus trois journées avant la fin. »

80 ans du club

Crédité de seulement neuf points à la moitié du championnat (auxquels il faut ajouter les huit unités de pénalité comblées), le NO a depuis engrangé trente et un points en dix-sept rencontres. Quasi un rythme de champion en cette deuxième partie de saison. Sans leur pénalité, les coéquipiers de Toifilou Maoulida pourraient même figurer dans la première partie du classement, à la neuvième place. Vendredi 22 avril, ils ont quasi assuré leur maintien lors d’une large victoire à domicile face à Lens (4-2), devant des tribunes pour une fois pleines.

Encore lanterne rouge jusqu’à la 21e journée, les « Crocos » ont redressé la barre avec leur nouvel entraîneur, Bernard Blaquart, « un très fin psychologue », qui « a pratiquement doublé les séances d’entraînement », souligne son président. « Il a investi sur les jeunes, explique M. Perdrier. Aujourd’hui, sur la feuille de match, sur seize joueurs, neuf sont sortis du centre de formation. » Le Nîmes olympique s’est ainsi offert un joli cadeau d’anniversaire pour la saison prochaine et le mois d’avril 2017 : il fêtera alors ses 80 ans en Ligue 2.