Les feux de forêt à Fort McMurray le 7 mai 2016. | RCMP ALBERTA / AFP

Les feux de forêt étaient toujours violents lundi dans et autour de la ville canadienne de Fort McMurray, dans l’Alberta, au Canada. Ils avançaient sur les forêts à l’est de la ville, même si les meilleures conditions météorologiques (air plus humide, averses éparses et vents moins forts) freinaient leur avancée, redonnant un peu d’espoir.

Ces conditions aident également les centaines de pompiers mobilisés pour contenir les flammes à distance des mines de sables bitumineux des compagnies pétrolières, des bâtiments industriels ou de toutes les infrastructures nécessaires au retour des habitants. Les sites pétroliers sont le poumon de l’économie de la province de l’Alberta. Rachel Notley, première ministre de cette province, devait donner lundi après-midi une estimation des dégâts.

Remise en route des infrastructures de base

Le feu, qui a démarré il y a plus d’une semaine, a forcé l’évacuation de la ville, de plusieurs bourgades autour et des immenses bases de vie des compagnies pétrolières. Au total, près de 100 000 personnes ont quitté la région. Le premier travail des autorités a pour objectif de sécuriser les conditions d’un retour, mais aussi de permettre un redémarrage des entreprises, des administrations et des commerces.

Après une semaine consacrée à l’évacuation des habitants et à la protection des infrastructures économiques, la deuxième phase consiste maintenant à « évaluer les dommages pour mieux appréhender » les priorités, a expliqué Scott Long, directeur des services d’urgence de l’Alberta. « La reconstruction ne va pas être rapide et ne sera pas facile (…) et il est essentiel de s’assurer que cela puisse être fait en toute sécurité », a souligné Ralph Goodale, ministre fédéral de la sécurité publique, en demandant aux populations de s’armer de patience.

Les premières urgences vont se porter sur les transformateurs et équipements d’alimentation électrique, les unités de traitement de l’eau, l’hôpital et les cliniques, les écoles et les services municipaux, autant d’infrastructures nécessaires au retour des habitants, a expliqué Scott Long.

Dimanche, la compagnie d’électricité et de gaz Atco a dépêché une équipe de 250 personnes pour remettre en état le réseau car beaucoup de pylônes en bois supportant des lignes électriques ont brûlé. Le gaz a été coupé dans la ville et là aussi le réseau doit être sécurisé dans beaucoup de quartiers.

De 1 à 1,5 million de barils produits en moins chaque jour

Les compagnies pétrolières ont fermé plusieurs sites de production dans la région avec pour conséquence une baisse de production de l’ordre de 1 à 1,5 million de barils par jour. Une difficulté supplémentaire pour la province, privée de juteuses retombées financières, et qui est appelée à durer plusieurs jours, le temps de pouvoir rapatrier les milliers de salariés.

Si le centre de Fort McMurray a été pratiquement épargné, des secteurs résidentiels ont été dévastés à l’ouest et au nord de la ville, avec les maisons de quelques milliers de personnes réduites en cendres.

Pour les habitants évacués depuis bientôt une semaine, la vie s’organise dans des centres d’hébergement, des résidences universitaires vacantes avec les congés d’été, des campings ou même des caravanes sur des parkings, et ce à des centaines de kilomètres de Fort McMurray.

Lundi, les écoles d’Edmonton, capitale de l’Alberta, et de Calgary avaient proposé 12 000 places pour les enfants des familles évacuées. Une communauté autochtone au sud-est de Fort McMurray, toujours sous la menace des feux, a été ravitaillée par hélicoptère avec 5 tonnes de vivres.

850 euros d’aide gouvernementale par adulte

Les milliers d’évacués devraient recevoir les premières aides du gouvernement provincial avant mercredi. Elles ont été fixées à 1 250 dollars canadiens (850 euros) par adulte et 500 dollars par personne à charge. Les compagnies d’assurance ont également débloqué des fonds. Les premières estimations évoquent une facture de 9 milliards de dollars, à laquelle des financements publics contribueront, selon Ralph Goodale.

Les moyens engagés pour lutter contre les feux restent imposants avec, pour l’ensemble de la province, grande comme la France, où 34 foyers d’incendie restent actifs dont 5 restent hors de contrôle, quelque 1 500 pompiers, 150 hélicoptères et une trentaine d’avions bombardier d’eau. A cela s’ajoutent 300 engins de chantier permettant de dégager les broussailles et les arbres sur des dizaines de mètres autour des infrastructures afin de les tenir à l’écart des flammes.