Le Fonds monétaire international (FMI) s’est inquiété lundi de la « forte dégradation » des économies des six pays de la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale (Cemac), dont le taux de croissance a chuté à 1,7 % en 2015 dans un contexte de baisse des cours du pétrole.

« La croissance a été réduite à 1,7 % en 2015 », alors qu’elle était de 4,9 % en 2014, a précisé Mario de Zamaroczy, chef de mission du FMI. Et de qualifier la situation de « préoccupante ».

Ce recul de la croissance est « essentiellement » le fait de « la forte chute des prix du pétrole », mais aussi « des problèmes sécuritaires » liés aux attaques du groupe islamiste nigérian Boko Haram dans le bassin du lac Tchad, a affirmé Mario de Zamaroczy à l’issue d’une mission du FMI dans la région.

Nécessité d’un « redressement budgétaire »

La Cemac regroupe six pays : Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée Equatoriale et Tchad. Excepté la Centrafrique, tous sont producteurs de pétrole, dont les recettes publiques dépendent en grande partie, en l’absence d’économie diversifiée.

D’après le chef de mission du FMI, la chute des cours mondiaux du pétrole a provoqué d’importantes baisses de ressources pour les cinq pays, obligeant la Banque des Etats d’Afrique centrale (BEAC) à « injecter des liquidités importantes » pour soutenir leurs économies. En conséquence, la BEAC est actuellement confrontée à une « réduction importante » de ses réserves.

« La quasi-totalité des gouvernements de la sous-région n’ont plus d’épargnes budgétaires significatives » et disposent désormais d’une « marge de manœuvre limitée », a mis en garde M. de Zamaroczy.

En outre, les perspectives ne sont guère rassurantes dans la mesure où « la persistance de cours du pétrole bas continuera à maintenir la croissance [de la zone] à un faible niveau, en dessous des 2 % en 2016 », indique le FMI dans une note.

M. de Zamaroczy a appelé l’ensemble des Etats de la Cemac à engager à court terme « un redressement vigoureux budgétaire afin d’assurer le maintien de la stabilité macroéconomique », à travers notamment une augmentation des recettes non pétrolières et une réduction importante des dépenses.

L’expert a également recommandé aux Etats d’adopter, à moyen terme, « des politiques structurelles pour adapter les économies aux chocs et pour les diversifier ».