Le siège de la Compagnie ivoirienne d’électricité, à Treichville, une des dix communes d’Abidjan, le 3 mai 2016. | AFP

La Côte d’Ivoire peut compter sur le soutien des bailleurs étrangers pour financer son développement économique. Le tour de table organisé mardi 17 mai autour du premier ministre, Daniel Kablan Duncan, à Paris, a permis d’engranger des contributions supérieures à 15 milliards de dollars. Deux fois plus que n’en attendait le gouvernement ivoirien pour soutenir son plan national de développement 2016-2020. Avec une enveloppe de 5 milliards de dollars de prêts et de dons, la Banque mondiale, qui était l’hôte de la réunion, se positionne comme le premier partenaire financier d’Abidjan. La Banque africaine de développement (BAD) a promis 2 milliards de dollars, et la Banque islamique de développement, 1,8 milliard. La France s’est, de son côté, engagée à apporter 1,7 milliard d’euros d’appui à travers des contrats de désendettement.

Ce nouveau plan doit prendre le relais du programme de reconstruction de l’économie ivoirienne et de consolidation de la paix lancé par Alassane Ouattara au lendemain d’une décennie de crise. Les 9 % de croissance par an enregistrés en moyenne au cours de la période ont donné au chef de l’Etat son plus solide atout pour se faire réélire en octobre dernier.

« Il s’agit maintenant d’engager une seconde étape dans la transformation structurelle de l’économie ivoirienne », a plaidé le premier ministre en rappelant que la Côte d’Ivoire s’était fixée pour objectif de rejoindre les pays émergents d’ici à 020. Aucune précision n’a cependant été fournie pour mesurer le chemin qu’il conviendra de parcourir pour cela. « L’émergence est sur toutes les lèvres, mais c’est un sujet politique sensible, confiait un bailleur. Mieux vaut la voir comme un slogan mobilisateur. »

Priorité à l’éducation

En attendant, le gouvernement prévoit d’injecter 60 milliards de dollars d’investissement en cinq ans, dont 38 % financés par l’Etat. C’est dans ce cadre que s’inscrira le soutien des bailleurs de fonds publics internationaux. Plusieurs priorités ont été dessinées, comme la modernisation de l’agriculture, le développement d’industries agroalimentaires, l’accès à l’énergie, l’éducation, la lutte contre la corruption, ou encore l’amélioration des conditions de vie des plus démunis. Si un million de personnes sont sorties de la pauvreté, selon les chiffres officiels, la répartition inégale des fruits de la croissance est régulièrement reprochée à Alassane Ouattara. « Les pays asiatiques qui ont réussi à transformer en profondeur leur économie ont investi massivement dans le capital humain à travers la santé et l’éducation », a souligné Pierre Laporte, le représentant de la Banque mondiale en Côte d’Ivoire en insistant sur le fait qu’il persiste dans le pays un taux de malnutrition élevé et que l’éducation a beaucoup souffert des années de guerre civile : « En dépit des progrès de ces dernières années, le taux de pauvreté demeure de 20 points supérieur à celui des années 1980. »

Au-delà de ces fragilités, la Côte d’Ivoire, avec ses 24 millions d’habitants, a repris aux yeux des bailleurs de fonds un rôle de locomotive régionale qu’il faut encourager. Mercredi, le premier ministre, M. Duncan, devait mettre son plan à l’épreuve du secteur privé en proposant aux investisseurs « 182 projets structurants » allant de l’aménagement de l’autoroute Yamoussoukro-Bouaké à la construction de 5 000 kilomètres de fibre optique, en passant par la construction du nouvel aéroport international de San Pedro ou la construction de 7 107 salles de classe du primaire.