Film sur OCS Max à 20 h 40

Whatever Works - Official Trailer!
Durée : 02:18

« Whatever Works », réalisé en 2009, invite à l’amour du prochain et célèbre la vie en société (jeudi 12 mai à 20 h 40 sur OCS Max).

Depuis cinquante ans, Woody Allen nous a appris à ne surtout pas confondre « drôle » avec « joyeux ». Même du temps où il braquait des banques avec un pistolet de savon, Woody Allen se distinguait du commun des rigolos : le casse raté n’était qu’un exemple de l’absurdité de la condition humaine.

Evan Rachel Wood (Melody Celestine) et Henry Cavill (Randy) dans une scène de « Whatever Works », de Woody Allen. | GRAVIER PRODUCTIONS

Pendant ses cinq ans d’exil, il a acclimaté l’arbitraire du hasard aux brumes londoniennes, l’imperfection du désir érotique au ­soleil catalan. Le voilà revenu dans les rues de Manhattan pour un film tourné à la va-vite avec, dans le rôle principal, l’un des plus fameux misanthropes du moment, Larry David, créateur et interprète de la série « Larry et son nombril » (dont le titre original Curb Your ­Enthusiasm, « Réfrène ton enthousiasme », reflète mieux la conception du monde).

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Durée : 00:32

Or, à la place de la dose supplémentaire de pessimisme allénien attendue, voici une joyeuse apostasie qui invite à l’amour du prochain et célèbre la vie en société. Whatever Works se traduit par « Du moment que ça marche », et c’est – à la fin du film – la conclusion à laquelle parvient Boris Yellnikoff : si l’on y trouve son compte, il n’y a pas de sotte façon d’être heureux.

Frénésie

Le chemin qui conduit à ce retournement (qui n’est peut-être que temporaire) commence sous de sombres auspices. Boris Yellnikoff (Larry David), ancienne gloire new-yorkaise des sciences phy­siques, injustement négligé par le jury du Nobel, abandonné par sa femme au lendemain d’une ridicule mais douloureuse tentative de suicide, vit seul, pauvre et amer.

Jusqu’à l’exquise irruption de Melodie St. Ann Celestine (Evan Rachel Wood), oie blanche sudiste égarée dans les rues de New York, que Boris Yellnikoff recueille sous son toit. Whatever Works se met alors à ressembler furieusement à La Belle et la Bête, version Greenwich Village. Cela tient beaucoup au gracieux exercice d’équi­libre auquel se livre Evan Rachel Wood. Melodie est d’une inculture et d’une naïveté qui confinent à l’idiotie, mais c’est aussi une femme volontaire qui se place du côté de la vie et du désir.

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Durée : 01:03

Comme dans le conte de Mme Leprince de Beaumont, le cœur du reclus s’attendrit, jusqu’à accepter une irruption supplémentaire, celle de Marietta, la mère de ­Melodie, venue rejoindre sa fille à New York. Patricia Clarkson, qui jouait la très sérieuse hôtesse de Vicky Cristina Barcelona dans le film précédent de Woody Allen, s’amuse ici comme une folle en belle sudiste qui se débarrasse de ses préjugés à une vitesse ahurissante, guérie de tous les péchés de la Confédération par la vertu de l’air de Manhattan.

Tout le monde s’amuse follement

Car Woody Allen n’est pas seulement devenu optimiste, il glisse sans beaucoup de discrétion un message dans sa pochade rose. Sudistes et nordistes, conservateurs et libéraux, croyants et athées peuvent s’entendre, il suffit qu’ils couchent les uns avec les autres et s’adonnent à la pratique des arts (Marietta devient photographe).

Entamé sur un tempo un peu ­hésitant, Whatever Works s’accélère jusqu’à la frénésie et jusqu’au happy end. La raison a du mal à admettre que Woody Allen est lui-même convaincu que le bonheur se laisse aussi aisément attraper, mais la force du spectacle est là : tout le monde s’amuse follement, à commencer par le metteur en scène, à finir par le spectateur, pour peu qu’il oublie les grands films que Woody Allen réalisait, du temps où il était aussi inquiet et pessimiste que Boris Yellnikoff.

Whatever Works, de Woody Allen. Avec Larry David, Evan Rachel Wood, Patricia Clarkson (EU - Fr., 2009, 92 min). Le jeudi 12 mai à 20 h 40 sur OCS Max.

Affiche du film de Woody Allen « Whaterver Works ».