Le vice-président de l'Assemblée nationale et député EELV de Paris Denis Baupin, le 4 avril 2015. | BERTRAND GUAY / AFP

Sandrine Rousseau, Isabelle Attard, Elen Debost, Annie Lahmer et quatre autres femmes témoignent, dans une enquête publiée lundi 9 mai par Mediapart et France Inter, de faits d’agression et de harcèlement sexuels de la part du député de Paris Denis Baupin, dirigeant historique des Verts et actuel vice-président de l’Assemblée nationale. Ex-élu d’Europe Ecologie-Les Verts, il a quitté le parti le 18 avril.

Les faits rapportés évoquent des actes relevant du harcèlement sexuel, comme l’envoi répété de centaines de SMS au contenu déplacé, malgré les refus des collaboratrices ou salariées. Mais aussi des agressions sexuelles, comme une tentative de baiser forcé ou des attouchements. Selon ces témoignages, les faits ont couru sur une période allant de 1998 à 2014.

Contacté depuis le 2 mai, le vice-président de l’Assemblée nationale n’a pas souhaité répondre à ces accusations et a renvoyé vers ses avocats, qui ont menacé Mediaprt et France Inter de poursuites. Dès le 8 avril, ils avaient d’ailleurs mis le pure player « en demeure » de ne rien publier.

Aucune plainte déposée

Aucune de ces femmes n’a porté plainte, par peur d’être pénalisée dans sa carrière, par culpabilité de n’avoir pu réagir, mais aussi parfois découragée, par son propre parti, de s’exprimer publiquement, souligne Mediapart. L’épouse de Denis Baupin, la ministre du logement Emmanuelle Cosse, est l’ex-secrétaire nationale d’EELV.

Le 9 mai 2015, après la publication par un collectif de femmes journalistes politiques d’une tribune dénonçant le sexisme en politique, la présidente de la commission féminisme du parti, Dominique Trichet-Allaire, aurait interpellé ses camarades sur des témoignages recueillis en interne. Une adresse mail est créée quelques jours plus tard pour permettre aux journalistes de dénoncer certains comportements.

Mais, pour plusieurs victimes, l’élément déclencheur est un tweet de Denis Baupin, publié le 8 mars à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes :

Pour Elen Debost, adjointe à la jeunesse EELV de la mairie du Mans – qui dit avoir été victime de « plusieurs mois de SMS d’incitation sexuelle » de la part de Denis Baupin – et Sandrine Rousseau, porte-parole du parti – qui raconte avoir été plaquée contre un mur et saisie par la poitrine par le député de Paris tentant de l’embrasser –, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase.

Sur Twitter resurgit également un tweet du député exprimant sa fierté d’avoir voté en 2012 la loi contre le harcèlement sexuel.