Le « vaquita marina » est victime des filets dérivants utilisés par des pécheurs contrebandiers. | SEMARNAT / FLICKR

Il ne reste plus qu’une soixantaine de marsouins du Pacifique, ont alerté vendredi 13 mai plusieurs assocations de protection de l’environnement mexicaines. Plus petit cétacé du monde, ce petit mammifère – également appelé marsouin du golfe de Californie ou « vaquita marina » (« la vachette de mer ») – a vu sa population chuter de plus de 90 % en 20 ans, précise la branche mexicaine de l’ONG WWF dans un communiqué.

S’alarmant d’être « en train de perdre la bataille pour sauver le vaquita », le directeur de WWF Mexique, Omar Vidal, a exhorté le Mexique, les Etats-Unis et la Chine à mettre fin à la pratique des filets dérivants dans le golfe de Californie, qui décime les marsouins du Pacifique.

Cette méthode de pèche est utilisée par les contrebandiers de totoaba, un poisson également en danger d’extinction, prisé pour sa vessie natatoire qui, une fois séchée, est vendue sur le marché noir en Chine. Faute de mesures urgentes et d’actions coordonnées, « ces trois pays partageront la responsabilité » de l’extinction du vaquita, a averti Omar Vidal, parlant de « la dernière chance » de sauver le petit mamifère de 1,5 mètres de long.

Lutte contre les filets dérivants

Les autorités mexicaines assurent avoir fait des progrès pour sauver le vaquita marina et le totoaba depuis que le président Enrique Peña Nieto a imposé en avril 2015 une interdiction des filets dérivants sur 13 000 kilomètres carrés pendant deux ans, multipliant ainsi par dix la surface de la zone protégée. Un navire patrouilleur de la Marine mexicaine, une douzaine de petits bateaux rapides, un hélicoptère et deux avions quadrillent également la zone pour empêcher le braconnage. L’an dernier, 600 filets ont été saisis et 77 personnes interpellées, a précisé le ministère de l’environnement mexicain.

Le marsouin du Pacifique est victime des filets dérivants, posés par des pécheurs contrebandiers cherchant à attraper des totobas, un poisson en danger d’extinction. | Omar Vidal / AP

Un plan de 30 millions de dollars par an a aussi été mis en place à destination des pêcheurs locaux pour les convaincre de remplacer les filets dérivants par des méthodes plus respectueuses de l’environnement. Néanmoins, des marins mexicains confient découvrir tous les jours des filets dérivants, d’une surface équivalant à trois à dix fois un terrain de football. Ce que confirme l’ONG Sea Shepherd, qui a dépêché deux navires dans la zone pour aider les autorités à repérer les filets dérivants, accusant les pêcheurs de continuer d’utiliser clandestinement cette méthode interdite la nuit.

Outre la lutte contre les filets dérivants, les ONG avertissent qu’augmenter la population du plus petit cétacé du monde est loin d’être gagné, une femelle vaquita donnant naissance à un petit seulement tous les deux ans.