Le gynécologue congolais Denis Mukwege en 2013. | AFP

Porte-parole des populations « abandonnées et livrées à elles-mêmes », il réclame « un changement radical ». Mardi 17 mai, le célèbre chirurgien congolais Denis Mukwege s’est livré à un violent réquisitoire contre les massacres à répétition qui touchent l’est de la République démocratique du Congo (RDC).

« Les crimes et la barbarie qui sévissent dans l’est de la RDC depuis vingt ans renaissent avec une nouvelle intensité », dénonce le gynécologue dans un message transmis le jour de la célébration de la prise de pouvoir par Laurent Désiré Kabila, le père de l’actuel chef de l’Etat.

« Depuis octobre 2014, le bilan s’élève à plus de 600 morts ! Les images de ces atrocités de masse sont insupportables : des femmes enceintes éventrées, des bébés mutilés, des êtres humains ligotés et égorgés à l’arme blanche. »

Des officiers congolais impliqués dans les massacres

La région de Beni, au Nord-Kivu (est), et l’Ituri voisine sont confrontées à des attaques récurrentes attribuées aux rebelles musulmans ougandais des Forces démocratiques alliées (ADF) présents depuis 1995 dans l’est du pays. Mais un rapport d’experts des Nations unis sur la région des Grands-Lacs, qui a fuité récemment, pointe également la responsabilité des Forces armées de RDC dans ces violences, accusant certains officiers, comme le brigadier général Muhindo Akili Mundos, de soutenir les assaillants.

La RDC traverse une crise politique depuis la reconduction au pouvoir du président Joseph Kabila à l’issue d’élections marquées par des fraudes massives en novembre 2011. L’opposition accuse le chef de l’Etat, au pouvoir depuis 2001 et dont le mandat s’achève en décembre, de manœuvrer pour contourner l’interdiction constitutionnelle qui lui est faite de se représenter. Des accusations reprises par le docteur Mukwege à la mi-mars.

Denis Mukwege, directeur de l’hôpital de Panzi, à Bukavu, capitale de la province du Sud-Kivu (est) a reçu en 2014 le prix Sakharov pour la liberté de l’esprit décerné par le Parlement européen pour son engagement en faveur des femmes violées. Dans cette institution, qu’il a créée en 1999, le médecin aide à la reconstruction physique et psychologique des femmes victimes de viols accompagnés de violences sauvages. Des crimes commis à grande échelle dans l’est de la RDC depuis une quinzaine d’années, notamment pendant la deuxième guerre du Congo (1998-2003) et lors des différents conflits armés qui perdurent dans la région.