Léopold Hecht. #EnMémoireBruxelles | Les droits de reproduction de cette photo sont réservés au "Monde" et à "La Libre Belgique".

Léopold Hecht. Un premier nom, un premier visage. Le jeune homme de 20 ans, étudiant en droit, fut l’une des premières victimes à avoir été identifiées après les attentats de Bruxelles. Léopold n’avait pas cours ce mardi 22 mars à 9 heures, contrairement à beaucoup de copains déjà installés dans les auditoires des Facultés Saint-Louis. Il avait décidé, comme souvent, d’aller travailler à la bibliothèque de l’université. A 9 h 11, quand le kamikaze a actionné sa ceinture explosive, Léo se trouvait dans le même wagon de la rame à l’arrêt dans la station Maelbeek.

Grièvement blessé, l’étudiant a succombé dans la nuit de mardi à mercredi à l’hôpital où il avait été transféré. La famille a décidé d’accepter le don d’organes. “Nous savons que c’est la décision qu’il aurait souhaité qu’on prenne pour lui, même s’il ne l’a jamais exprimée telle quelle. Cela faisait pleinement partie de ses valeurs”, indiquait le lendemain Frédérique Hecht, la mère de Léopold, dans un entretien à lalibre.be. Elle ajoutait: “Nous espérons que cela sauvera une vie ou aidera une personne”.

Sept semaines se sont écoulées. “Ce qui nous fait vraiment avancer, c’est que ce don a permis de sauver quatre vies. Quatre personnes vivent grâce à Léopold”, nous confie sa maman. Le centre de transplantation a informé la famille que les patients se portaient bien.

Les sentiments se sont bousculés  : le choc, immense ; l’incrédulité ; l’espoir, infime, qu’il en réchappe ; la douleur que ce ne soit pas le cas ; la sidération avant cette décision, grave. “Notre combat, c’est maintenant de nous reconstruire”.

Frédérique Hecht nous demande de ne pas entrer en contact avec les amis de Léopold, qui préparent leur session d’examens. “Ils sont fort éprouvés. Eux aussi doivent se reconstruire. Ce sont de belles amitiés qui datent de l’université, de l’école, de l’enfance. Ces gamins sont comme les nôtres”.

La photo donnée par ses parents remonte à avril 2014, quand Léopold était en voyage de Terminale en Sicile, avec ses copains du collège Saint-Michel. “Je la trouve très belle. C’est exactement lui, comme il est”. Frédérique Hecht se reprend. “Comme il était... Vous voyez, j’ai du mal à parler de lui au passé”.

A l’Université Saint-Louis de Bruxelles, Léopold était un étudiant brillant, un intellectuel, “convaincu que seuls les mots peuvent faire face à l’obscurantisme”. Mais il était aussi plus que cela : un chouette gars, toujours prêt à filer ses notes, à donner un coup de main à un copain qui comprenait moins vite que lui.

Léopold, c’était aussi un superbe Roméo au sein de la troupe du Théâtre des Trois Portes, au collège Saint-Michel, où il avait raflé, en juin 2014, le 1er Prix Lambrette du tournoi d’éloquence réservé aux étudiants de Terminale. Il suivait à la fac les cours d’improvisation théâtrale.

Léo, merci pour tout. Tu étais et TU ES quelqu’un d’admirable, de brillant. On se revoit au paradis. On ira boire un verre. Tu te prendras une Leffe blonde et moi une Kriek. Je sais que tu seras toujours avec nous. On pense tous très fort à toi”, écrivait son amie Zoé sur sa page Facebook le 23 mars. Le jour où Leopold est mort. Et où grâce à lui, quatre autres personnes ont pu continuer à vivre.

Annick Hovine (La Libre Belgique)