Les anciens ministres Benoit Hamon et Aurélie Filippetti ont voté mercredi 11 mai une motion de censure du gouvernement. | CHARLES PLATIAU / Reuters

Feu sur les « frondeurs ». Au lendemain de la tentative, qui a échoué de peu, de déposer une motion de censure du gouvernement « de gauche », la majorité s’en est durement prise, jeudi 12 mai, à ceux du Parti socialiste qui avaient signé le document. Ces vingt-quatre députés —dont les anciens ministres Benoît Hamon ou Aurélie Filippetti — sont aujourd’hui sous la menace de sanctions.

En début de soirée, jeudi, peu après le rejet par l’Assemblée nationale de la motion de censure du gouvernement déposée par la droite et le centre, le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, a annoncé avoir saisi la haute autorité éthique de son parti. L’organe est invité à se pencher « sur le cas des vingt-quatre députés socialistes qui ont proposé de renverser leur gouvernement ». Il doit statuer « rapidement », selon un responsable interrogé par l’Agence France-Presse, qui n’a pas précisé quelles sanctions encouraient les députés.

Plus tôt, Manuel Valls n’avait pas eu de mots assez durs contre la démarche « grave » entreprise par les « frondeurs ». A la tribune de l’Assemblée nationale, le premier ministre a lancé :

« Cette démarche aventureuse a un intérêt : celui d’une clarification entre ceux qui s’arc-boutent sur le passé et ceux qui voient l’avenir. Je prends cette tentative pour ce qu’elle est, et elle est grave. Mais leurs signataires sont dans une impasse. »

« Si ces députés s’en vont, ce serait la logique »

Plusieurs figures de l’aile droite du PS ont aussi invité les « frondeurs » à quitter le PS. « Qu’ils rejoignent Jean-Luc Mélenchon », a ainsi raillé le député Philippe Doucet. Pour le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, les « frondeurs » ont pris « une responsabilité lourde, très lourde ». Pour lui, si ces députés « s’en vont [du parti], ce serait la logique. On ne peut pas toujours contester le PS et le gouvernement et en même temps être dans cette situation où lorsqu’on se présente, on se présente avec une étiquette ».

Laurent Baumel, une des figures des « frondeurs », a lui exclu de quitter le PS : « Le Parti socialiste, ce n’est pas le parti qui appartient personnellement à François Hollande ou à Manuel Valls. Moi, quand je défends les positions qui sont les miennes sur la question de la réforme du travail, j’ai l’impression de défendre plutôt les positions naturelles du Parti socialiste », a-t-il argué sur BFMTV, mercredi.

Aile droite sous tension

Autant de signes d’une fracture à venir au sein du PS ? C’est la crainte des partisans de Martine Aubry qui, s’ils sont très critiques envers la loi El Khomri, n’ont pas voulu s’associer à la motion de censure de gauche. « Force est de constater que le remède risquerait d’être pire que le mal », écrivent les députés Jean-Marc Germain et François Lamy dans une tribune parue dans Le Monde. « Plutôt que de précipiter le retour de la droite, accélérons la reconstruction de la gauche », proposent-ils.

Mais dans la majorité, l’aile droite du parti est aussi sous tension, à un an de la présidentielle et alors que le ministre de l’économie, Emmanuel Macron — qui n’est pas membre du PS —, ne cesse de laisser planer le doute quant à ses ambitions politiques.

La droite s’est d’ailleurs délectée de ces divisions dans la majorité. A la tribune de l’Assemblée nationale, le président du groupe Les Républicains, Christian Jacob, a rappelé à Manuel Valls le souvenir de son prédécesseur Jean-Marc Ayrault, soulignant que « lui n’a jamais vu, comme vous, son autorité bafouée à ce point par un de ses ministres ».