La ministre du travail Myriam El Khomri en discours  à l’assemblée nationale le 3 mai. | PHILIPPE WOJAZER / REUTERS

Les oppositions à la loi travail persistent et le gouvernement a décidé, lundi, de repousser « jusqu’à nouvel ordre » les votes sur les amendements au texte débattu à l’Assemblée nationale, illustrant les incertitudes sur le vote du texte par la majorité et alors que la menace du 49-3 se renforce. « On ne peut pas ne pas utiliser » cet outil, vu les blocages sur l’article 2 consacré aux accords d’entreprise, l’un des points les plus contestés du texte, et « les choses seront dites » dès mardi, si ça « ne se dénoue pas », a affirmé une source gouvernementale à l’AFP.

Après la décision du gouvernement, plusieurs élus sont montés au créneau, dénonçant, comme Francis Vercamer (UDI), un signe de « fébrilité », ou, selon Jacqueline Fraysse (Front de gauche), un « manque de respect ». « Ca ressemble à un simulacre », a lancé la socialiste « frondeuse » et ex-ministre Aurélie Filipetti, « simulacre » aussi dénoncé par la droite, le Front de gauche et des écologistes, alors que les députés n’ont en théorie que jusqu’à jeudi soir pour débattre des quelque 5 000 amendements, avant le vote solennel prévu le 17 mai.

« Un déni de démocratie »

Dans un entretien au Parisien, le secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly, s’interroge : « Au lieu d’utiliser le 49-3 », qu’il considère comme « un déni de démocratie », « pourquoi le gouvernement n’arrête-t-il pas les travaux parlementaires pour organiser un référendum auprès des Français ? »

La réunion des députés socialistes, en présence du premier ministre, devait permettre mardi au gouvernement de faire le point sur l’état des forces, alors que le chef de file des députés PS, Bruno Le Roux recensait encore lundi « de 30 à 40 » voix manquantes pour parvenir à une majorité. Juste avant cette réunion, une quinzaine de députés PS, dont des « frondeurs », doivent être reçus à Matignon.

Dans la rue, le prochain temps fort aura lieu jeudi, avec une cinquième journée de mobilisation (CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, Fidl, UNL). S’y ajoutent Nuit Debout et une grève reconductible des routiers appelée par la CGT et FO, à partir du 16 mai.