Dans le camp de réfugiés d’Idomeni. | Petros Giannakouris / AP

Dans une lettre ouverte adressée aux dirigeants européens, la présidente de l’ONG Médecins sans frontières (MSF) qualifie vendredi 13 mai d’« abdication historique » des responsabilités européennes l’accord conclu le 18 mars entre Bruxelles et la Turquie pour freiner l’afflux de migrants et réfugiés. La présidente de MSF exprime « sa profonde inquiétude » à l’égard de cet accord qui prévoit le retour en Turquie de tout migrant arrivé en Grèce depuis le 20 mars et n’ayant pas fait de demande d’asile ou dont la demande a été rejetée.

« Alors que nous assistons au plus important phénomène migratoire de ces dernières décennies, l’Europe recule ainsi devant ses obligations légales et morales », déplore Joanne Liu, mettant en garde contre « le signal préoccupant » envoyé par cet accord au reste du monde : « D’autres pays pourraient tenter de se soustraire à leur devoir de proposer l’asile. »

« Pays d’Europe, ces populations ont besoin de votre aide et de votre protection, pas seulement de votre argent. La seconde guerre mondiale est-elle déjà si loin que vous ne vous souvenez plus du besoin vital de fuir les violences et les persécutions ? »

Désaccord sur les visas turcs

En contrepartie du rôle joué par Ankara, l’UE a accepté de verser des milliards d’euros et s’est engagée, pour chaque Syrien renvoyé, à en « réinstaller » un autre depuis la Turquie dans un pays membre, dans la limite de 72 000 places.

La Turquie réclame aussi une exemption de visas pour ses ressortissants dans l’espace Schengen, mais l’UE exige au préalable une modification de la loi antiterroriste en vigueur dans le pays, condition jugée inacceptable par Ankara. Le ministre des affaires européennes turc, Volkan Bozkir, est reçu vendredi matin à Bruxelles par le commissaire européen à l’élargissement, Johannes Hahn, pour discuter de cette question.