Nathalie Arthaud tiendra dimanche après-midi son premier discours comme candidate à la présidentielle. | KENZO TRIBOUILLARD / AFP

Nathalie Arthaud, porte-parole de Lutte ouvrière (LO), tiendra son premier discours comme candidate à la présidentielle, dimanche 15 mai, lors de la fête annuelle du parti d’extrême gauche à Presles (Val-d’Oise).

Comment abordez-vous cette campagne présidentielle ?

Nathalie Arthaud. Comme en 2012, cette campagne sera l’occasion de faire entendre le camp des travailleurs. J’espère que des centaines de milliers de salariés, chômeurs et précaires auront envie de faire entendre cette même voix en 2017. Nous ne sommes pas de ceux qui pensent que cette présidentielle peut changer la vie des travailleurs. Mais il faut qu’ils s’expriment, y compris dans les élections, comme force politique, et mettent en avant leurs intérêts, qui sont à l’opposé de ceux du patronat, de ses discours sur la flexibilité, le coût du travail ou le code du travail.

Espérez-vous capitaliser sur les manifestations contre la loi travail ?

Le recours au 49.3 est une provocation et nous donne une raison supplémentaire de manifester. C’est un déni de démocratie et la preuve que ce décorum démocratique ne sert qu’à faire passer une politique antiouvrière. Jeudi, dans les manifestations, on entendait le slogan « ce que le Parlement a fait, la rue peut le défaire ». C’est une réalité. On l’a vu avec le CPE [contrat première embauche] en 2006 : c’est une question de rapport de force. A l’époque, la loi a été votée, publiée au Journal officiel, mais n’a jamais été appliquée car la mobilisation a continué.

Mais la mobilisation contre la loi travail est en baisse…

Elle se maintient et c’est ça qui est important. Ça fait deux mois et demi et on sait combien il est difficile de faire grève et de manifester. Le gouvernement n’en a pas fini avec la contestation. C’est ce climat qui a fait pression sur l’exécutif pour qu’il modifie un certain nombre de choses et que certains députés résistent.

Sur quels thèmes ferez-vous campagne ?

Lutter contre le chômage de masse avec les armes des travailleurs reste pour nous une priorité. Aujourd’hui, être un travailleur ou être au chômage est une seule et unique condition. Le gouvernement veut nous faire croire que la courbe du chômage va finir par s’inverser, mais la crise continue et, y compris dans cette période où certains enregistrent de nouvelles commandes, les suppressions d’emplois continuent.

A gauche, deux autres candidats ont déjà annoncé qu’ils seraient candidats, Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche) et Philippe Poutou (Nouveau Parti anticapitaliste). Comment analysez-vous leurs candidatures ?

Je ne les mets pas sur un même plan. Jean-Luc Mélenchon défend une politique qui n’est pas la nôtre. Nous, nous parlons des travailleurs et pas du peuple. Nous disons que leur vie changera s’ils se manifestent et nous appelons à un vote de classe. C’est une orientation qui n’a rien à voir avec celle de Mélenchon. Il n’y a jamais eu de sauveur suprême pour les travailleurs. La priorité de Philippe Poutou et du NPA n’est pas non plus de faire entendre le camp des travailleurs, mais il n’est ni un adversaire, ni un concurrent. C’est une autre voix à l’extrême gauche.

Que pensez-vous de la loi de « modernisation » de la présidentielle, votée en avril, qui modifie la collecte des parrainages et réforme les temps de parole ?

Objectivement, ça va nous compliquer la tâche puisque nous ne pourrons plus suivre en direct où nous en sommes des parrainages, mais nous avons commencé la recherche. Je vous rappelle que nous les avons toujours eus, c’est une question de ténacité. Quant au temps de parole, cette loi est un moyen supplémentaire de verrouiller le système. Jamais les travailleurs n’ont pu compter sur les moyens médiatiques de la presse bourgeoise ni sur les moyens institutionnels de l’Etat pour se faire entendre. Ils ne peuvent compter que sur les moyens militants et leur force de conviction.