Le cabinet panaméen d’avocats Mossack Fonseca, au cœur du vaste scandale d’évasion fiscale révélé par les « Panama papers », a menacé d’actions en justice si ces documents sont mis en accès public, comme prévu, à partir de lundi.

Lundi 9 mai, à 20 heures, le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) va en effet mettre en ligne sur son site une partie des données liées au scandale des « Panama papers ». Il ne s’agit toutefois pas de l’intégralité des 11,5 millions de fichiers provenant des archives de Mossack Fonseca, spécialiste de la domiciliation de sociétés offshore : l’ICIJ et ses partenaires ne souhaitent pas les publier pour des raisons de respect de la vie privée, car elles contiennent des numéros de téléphone, des correspondances privées, des transactions financières et des passeports.

Sera seulement divulgué le registre interne des 214 000 structures offshore administrées par Mossack Fonseca entre 1977 et 2015 et les métadonnées associées à chacune d’entre elles.

« Vol d’informations »

Dans un courrier adressé jeudi 5 mai au consortium ICIJ, Mossack Fonseca lui demande néanmoins de « renoncer », soulignant qu’il s’agit d’« un vol d’informations et une violation du traité de confidentialité entre client et avocat, que nous devons protéger ». Et de poursuivre :

« Nous espérons que la polémique ne nous mènera pas à de futures actions légales. »

Depuis début avril, les révélations des « Panama papers » ont provoqué l’ouverture de nombreuses enquêtes dans le monde et conduit le premier ministre islandais et un ministre espagnol à la démission.

Les 11,5 millions de documents du cabinet Mossack Fonseca, dévoilés par une centaine de médias dont Le Monde, ont révélé l’utilisation à grande échelle de sociétés offshore permettant de placer des actifs dans des territoires opaques et à très faible fiscalité.

Après la publication de ces documents, la France a placé à nouveau Panama dans la liste des paradis fiscaux, tandis que le G20 a appelé à s’attaquer aux sociétés offshore.

Pour le cabinet panaméen, les médias « se sont alimentés d’informations volées de notre système pour diffuser des nouvelles, sorties de leur contexte, et affecter notre réputation comme entreprise sérieuse ».

Il a assuré « opérer dans toutes les juridictions dans le strict respect des réglementations ». Les autorités panaméennes ont perquisitionné à plusieurs reprises les bureaux de Mossack Fonseca pour y saisir des documents, mais pour l’instant aucun de ses dirigeants n’est poursuivi ni détenu.

Les « Panama papers » en trois points

  • Le Monde et 108 autres rédactions dans 76 pays, coordonnées par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), ont eu accès à une masse d’informations inédites qui jettent une lumière crue sur le monde opaque de la finance offshore et des paradis fiscaux.
  • Les 11,5 millions de fichiers proviennent des archives du cabinet panaméen Mossack Fonseca, spécialiste de la domiciliation de sociétés offshore, entre 1977 et 2015. Il s’agit de la plus grosse fuite d’informations jamais exploitée par des médias.
  • Les « Panama papers » révèlent qu’outre des milliers d’anonymes de nombreux chefs d’Etat, des milliardaires, des grands noms du sport, des célébrités ou des personnalités sous le coup de sanctions internationales ont recouru à des montages offshore pour dissimuler leurs actifs.