« Je suis le candidat tout-en-un », explique Gary Johnson. Mais son problème est qu’il n’apparaît pas dans les sondages. | AFP

Il n’y a pas que deux candidats à l’élection présidentielle américaine. Le 8 novembre, comme tous les quatre ans, les électeurs américains auront plusieurs options.

Outre les très probables candidats démocrate Hillary Clinton et républicain Donald Trump, ils devraient aussi pouvoir voter pour un candidat du Parti libertarien, qui pourrait bien être un ancien républicain du nom de Gary Johnson. C’est enfin Jill Stein qui représentera le Parti vert. Au 10 mai 2016, la Federal Election Commission a reçu 1 724 déclarations de candidature pour l’élection de novembre.

Libertarian Presidential Candidate Gary Johnson (Full Interview)
Durée : 21:20

Gary Johnson, âgé de 63 ans, est un ancien gouverneur républicain du Nouveau-Mexique (entre 1995 et 2003). Il s’est déjà présenté sous la même bannière en 2012, récupérant 0,99 % des suffrages (1 275 923 voix). Cette année, il compte sur le chaos déclenché par la victoire de Donald Trump à la primaire républicaine et les problèmes d’image de Hillary Clinton pour dépasser son score d’il y a quatre ans. Il doit encore remporter l’investiture de son parti, fin mai, face à 16 concurrents.

Gary Johnson a expliqué sa démarche à l’AFP, à Washington :

« Je suis le candidat tout-en-un ». « Je suis à gauche d’Hillary sur les questions de société, et je suis plus conservateur que Ted Cruz sur les questions économiques. Je représente le meilleur des deux mondes ».

Le courant libertarien (« libertarian », en anglais) est petit mais vivace aux Etats-Unis, un mouvement en faveur de la liberté individuelle et d’une réduction du rôle de l’Etat fédéral dans l’économie, dont Ron Paul, ex-élu républicain du Congrès, fut l’une des figures les plus connues.

Mais porter ce message à la présidentielle dans un système bipartite s’avère compliqué. Pour se présenter à la Maison Blanche, il faut s’inscrire séparément dans chacun des 50 Etats, selon des procédures différentes, ce qu’historiquement peu de partis tiers ont eu les moyens de faire. En 2012, Gary Johnson était présent sur les bulletins de vote de 48 des 50 Etats, mais le parti vise cette année les 50.

Se présenter comme une alternative

Le problème le plus pressant de Gary Johnson est qu’il n’apparaît pas dans les sondages. Une rare enquête d’opinion de l’université Monmouth, en mars, l’incluait dans un hypothétique match à trois et lui accordait 11 % des intentions de vote, contre 42 % pour Hillary Clinton et 34 % pour Donald Trump (3,4 points de marge d’erreur).

Un sondage de Public Policy Polling lui donne 4 % et la représentante du Parti Vert (lequel tente lui aussi d’être inscrit partout), Jill Stein, à 2 %. « Le fait que mon nom n’apparaisse pas dans les sondages montre à quel point le jeu est truqué », explique-t-il.

Le candidat a porté plainte contre la commission qui organise les débats présidentiels, à l’automne, car elle n’invitera que les candidats recueillant plus de 15 % des intentions de vote. La dernière fois qu’un candidat tiers a participé aux débats présidentiels date de 1992, avec le milliardaire Ross Perot en indépendant.

Gary Johnson aimerait récupérer les républicains consternés par l’ascension de Donald Trump. Des personnalités conservatrices ont juré de ne voter ni pour le milliardaire populiste, ni pour Hillary Clinton. Il explique aux républicains cherchant une alternative à Donald Trump qu’il suffit de chercher « Gary Johnson », sur Google.

Ses finances de campagne sont au plus bas : fin mars, son compte de campagne n’affichait qu’un solde de 35 000 dollars, indique le site OpenSecrets... comparé aux 29 millions pour Hillary Clinton. et aux 17 millions de Bernie Sanders.

Il assure qu’il persévérera pour tenter d’attirer les millions d’électeurs qui se déclarent indépendants.

« Les républicains sont censés vouloir moins d’Etat, mais ils ont fait tout le contraire. Quel que soit le parti au pouvoir, rien ne change, mais les gens savent qu’il faut qu’on réduise nos dépenses ».

Quant aux démocrates, il déplore leur timidité sur l’immigration et leur responsabilité dans le remplissage des prisons. Le candidat veut ouvrir les frontières et légaliser le cannabis. Lui-même fut PDG d’une entreprise de produits au cannabis, Cannabis Sativa, jusqu’en janvier.

En politique étrangère, il est absolument opposé aux interventions étrangères. « Si les Etats-Unis sont attaqués, nous attaquerons », dit-il, « mais cessons d’être impérialistes ».

Interrogé sur une hypothétique place de colistier de Donald Trump ou Hillary Clinton, il répond qu’il est à « 180 degrés de Donald Trump, et Hillary Clinton ne me choisira jamais. Je suis réaliste ».