Nicolas Sarkozy, à Jonage (Rhône), le 12 mai. | JEFF PACHOUD / AFP

Les candidats à la primaire de la droite pour la présidentielle vont tenter de trouver une porte de sortie, mardi 17 mai, lors d’un bureau politique prévu à 18 heures, à ce qui est considéré comme le premier vrai couac dans l’organisation du scrutin des 20 et 27 novembre.

Les rivaux de Nicolas Sarkozy contestent la décision prise par le bureau politique des Républicains (LR) de renoncer à organiser par voie électronique le vote des Français établis hors de France, soit près d’1,2 million d’inscrits sur les listes électorales consulaires. Cette décision, votée le 3 mai sous l’impulsion du président du parti, a été prise de manière inattendue et en l’absence de ses principaux concurrents – Alain Juppé, François Fillon et Bruno Le Maire – lesquels avaient dénoncé « un coup de force ». Le vote électronique faisait en effet l’objet d’un consensus entre les différents candidats depuis plusieurs mois et le sujet n’avait pas été prévu à l’ordre du jour du bureau politique du 3 mai.

Pour eux, la manœuvre revenait à empêcher les expatriés de se prononcer, au motif que les difficultés matérielles inhérentes à un vote papier empêcheraient de facto les Français de l’étranger de participer à la primaire. Certains suspectaient M. Sarkozy de vouloir limiter la participation à la primaire pour pénaliser son principal rival, Alain Juppé, qui souhaite le corps électoral le plus large possible et paraît plus populaire chez les expatriés.

Haute tension

D’autres croyaient y déceler la volonté de M. Sarkozy de tester le niveau de résistance de ses concurrents. Saisie par les rivaux de l’ex-chef de l’Etat, qui voulaient à tout prix rétablir le vote électronique, la Haute Autorité chargée d’organiser la primaire avait désavoué ce dernier en recommandant que le bureau politique se réunisse de nouveau pour revoir la décision prise le 3 mai.

Cette réunion de l’instance dirigeante du parti, qui devrait se dérouler dans un climat de haute tension, a lieu ce mardi soir, 17 mai, au siège parisien du parti. Une solution de compromis se dessine pour que chacun garde la face : Thierry Solère, président de la Commission nationale d’organisation de la primaire, a prévu de proposer un mode de vote double : à la fois papier pour les expatriés habitant dans 30 grandes villes, telles Londres ou Genève, mais aussi électronique dans les endroits les plus reculés et là où un vote papier ne serait pas possible juridiquement ou pour des raisons de sécurité, comme en Chine ou au Canada.

M. Sarkozy se dit favorable à une telle solution. « Quelle est la raison qui pourrait justifier qu’on vote papier à Paris et électronique à Londres ? Et en même temps, s’il faut voter par papier à Papeete, il faut le faire par un vote électronique aux Marquises, qui sont à quatre heures d’avion de Papeete », a-t-il confié au Monde, lundi 16 mai. Une liste précise des modalités de vote doit être arrêtée par le Comité chargé de l’organisation de la primaire d’ici au 15 juillet.

Compromis « acceptable »

Ce mardi soir, Alain Juppé, Bruno Le Maire et François Fillon seront bien présents au bureau politique pour examiner en détail cette solution de compromis, sur laquelle les participants seront amenés à voter. Les rivaux de M. Sarkozy ont tous répété leur volonté de permettre aux Français de l’étranger de voter dans les meilleures conditions, ces derniers jours, en réaffirmant leur préférence pour un rétablissement pur et simple du vote électronique. Si un accord n’est pas assuré, ils semblent toutefois disposés à calmer le jeu, pour ne pas faire exploser le parti sur ce sujet.

M. Fillon – dont un proche basé à Londres a lancé une pétition en faveur du vote électronique ayant recueilli plus de 11 000 signatures – juge la solution de compromis évoquée « acceptable », selon son entourage. M. Juppé, lui, « fait confiance » à Anne Levade et à Thierry Solère « pour proposer et mettre en œuvre un compromis », selon son équipe, alors que M. Le Maire veut en profiter pour réaffirmer l’indépendance des instances chargées de l’organisation du scrutin face au parti, présidé par M. Sarkozy. « Bruno Le Maire souhaite que la Haute Autorité prenne entièrement en charge l’organisation en toute indépendance. Ce n’est pas au bureau politique de décider des règles », explique un proche du député de l’Eure.

Reste à voir le dénouement du bureau politique ce soir. A ce sujet, Nicolas Sarkozy manie l’ironie. Lundi, il a confié au Monde : « L’excitation, la fébrilité fait que tout est encore possible… Y compris un accord. »