Malgré son avance en termes de délégués, Hillary Clinton ne peut négliger cette course qui l’empêche de focaliser son énergie sur Donald Trump. | Andrew Harnik / AP

Dans les courses à l’investiture républicaine et démocrate, les jeux sont faits, mais les primaires ne sont pas terminées. Il faut boire le calice jusqu’à la lie, respecter le calendrier, jusqu’au bout. Les électeurs démocrates et républicains sont ainsi invités à se prononcer, mardi 17 mai, lors des primaires fermées organisées dans l’Oregon. Les électeurs démocrates voteront aussi dans le Kentucky.

Le faible nombre de délégués en jeu (135 du côté démocrate et 28 du côté républicain) empêchera les deux favoris, Hillary Clinton et Donald Trump, d’obtenir le nombre nécessaire pour obtenir automatiquement l’investiture de leurs partis respectifs. Il leur faudra attendre les primaires du 7 juin organisées dans six Etats, dont la Californie et le New Jersey.

Le magnat de l’immobilier espérant arriver en position de force à la convention républicaine à Cleveland, du 18 au 21 juillet, a fait campagne dans cet Etat pour mettre la main sur ses 28 délégués. | JIM URQUHART / REUTERS

Pour Donald Trump, seul candidat encore en lice pour l’investiture républicaine dans la course à la Maison Blanche, les choses sont relativement simples. Le magnat de l’immobilier espérant arriver en position de force à la convention républicaine à Cleveland, du 18 au 21 juillet, a fait campagne dans cet Etat pour mettre la main sur ses 28 délégués.

Cette primaire sera l’occasion de voir comment les républicains se rassemblent autour du candidat. Un sondage mené, à la fin d’avril, par Hoffman Research auprès de 555 électeurs républicains, indiquait de Donald Trump remporterait 43 % des suffrages, devant Ted Cruz (26 %) et John Kasich (17 %).

L’Oregon, Etat libéral mais insondable

Chez les démocrates, la course est importante, puisque, avec ses 61 délégués et 13 superdélégués, l’Oregon est l’un des derniers Etats à envoyer un important contingent de délégués à la convention démocrate de Philadelphie, du 25 au 28 juillet, après le New Jersey (142) et la Californie (546).

La primaire servira davantage à déterminer la direction que prend le parti en vue de l’élection de novembre qu’à entretenir l’espoir de voir Bernie Sanders décrocher l’investiture.

Bill Clinton faisant campagne pour Hillary Clinton à Bend, dans l’Oregon, le 5 mai. | ROB KERR / AFP

Mais, comme dans l’Etat de Washington, où Bernie Sanders a remporté 73 % des suffrages (dans un caucus ouvert), la course se déroule pratiquement sans sondage. Pour prédire les résultats, il faut s’en remettre à une estimation au doigt mouillé, considérant que le Beaver State est un Etat démocrate (les deux sénateurs de l’Etat sont démocrates, et quatre des cinq élus à la Chambre des représentants sont aussi démocrates) et très progressiste sur les questions de société, comme la légalisation du cannabis. Les démocrates détiennent aussi la majorité des institutions de l’Etat.

L’Etat est majoritairement « blanc » (87, 9 %), les Asiatiques (4,3 %) y sont plus présents que les Afro-Américains (2 %). Ce sont autant d’éléments qui peuvent être interprétés comme favorables à Hillary Clinton.

Inversement, deux facteurs peuvent être interprétés comme favorables à l’ancienne secrétaire d’Etat : il s’agit d’une primaire fermée. Ne pourront y participer que les électeurs qui se sont enregistrés comme démocrates. Ce qui exclut les électeurs « indépendants », qui soutiennent fortement Bernie Sanders.

Hillary Clinton a remporté les huit primaires fermées précédentes. L’agence Associated Press fait savoir que 110 000 Orégonais se sont enregistrés, dont 84 800 pour les démocrates. Enfin, l’Oregon vote essentiellement par correspondance, même si des bureaux de vote seront mis à disposition des retardataires. « Ça marche mieux pour nous lorsque les indépendants peuvent voter », a indiqué le sénateur Sanders dans un entretien téléphonique avec OPB.

Un sondage de DHM Research pour Fox 12 et Oregon Public Broadcasting (OPB) une semaine avant la primaire prend la mesure de cette tendance. Mené auprès de 901 électeurs démocrates entre le 6 et le 9 mai, il indique que 48 % des électeurs voteraient pour Hillary Clinton et 33 % pour Bernie Sanders.

Mais ce sondage indique que les moins de 30 ans, les nouveaux inscrits sur les listes électorales, soutiennent à 89 % Bernie Sanders. Les chances de victoire du sénateur du Vermont dépendent de la mobilisation de ces électeurs.

L’inconnue du Kentucky

Et le Kentucky ? L’Etat ne représente que 0,7 % des superdélégués (6 superdélégués) et 1,4 % des délégués à la convention (55), mais ni Hillary Clinton ni Bernie Sanders ne veulent faire d’impasse. Les deux candidats y ont fait campagne dans les derniers jours avant la primaire.

En 2008, la candidate s’était imposée dans cet Etat face à Barack Obama. Mais, cette année, elle doit encore gérer les dommages collatéraux de ses propos sur les mines de charbon. En mars, elle avait annoncé dans l’Ohio que le pays allait « mettre au chômage de nombreux mineurs et exploitants de charbon », remarque qui a irrité les électeurs de Virginie Occidentale, un Etat riche en mines comme le Kentucky, son voisin. En campagne, elle a promis de mandater son mari, Bill Clinton, pour revitaliser les zones sinistrées.

Perdre dans l’Oregon et le Kentucky ne changerait pas la donne pour Hillary Clinton, mais cela retarderait le moment où les démocrates doivent s’unir en vue du sprint final vers le 8 novembre. | AARON P. BERNSTEIN / REUTERS

La candidate mise sur un électorat plus diversifié que celui de l’Oregon et bien présent dans des cités comme Louisville, rappelle le Washington Post.

En plus de parcourir l’Etat, l’ancienne secrétaire d’Etat a investi 325 000 dollars dans les publicités radiophoniques pour faire passer son message (126 000 dollars pour Bernie Sanders), selon une étude de Kantar Media CMAG citée par l’agence AP.

Mais le sénateur du Vermont fait preuve d’un certain allant après avoir gagné quelques primaires de l’Indiana à la Virginie-Occidentale. Ses rassemblements attirent des milliers de spectateurs, il bénéficie du soutien de certains démocrates séduits par les discours de Trump, alors que ceux de Hillary Clinton n’attirent que des centaines de spectateurs, relève encore le Washington Post.

Malgré son avance, Hillary Clinton ne peut négliger cette course qui l’empêche de focaliser son énergie sur Donald Trump. Selon le décompte de l’agence AP, Hillary Clinton a 2 240 délégués (dont 524 superdélégués) et Bernie Sanders, 1 473 délégués (dont 40 superdélégués). Il ne manque que 143 délégués à Hillary Clinton pour parvenir aux 2 383 délégués nécessaires pour décrocher l’investiture démocrate. Il en faut 901 à Bernie Sanders.

Bernie Sanders en campagne à Bowling Green, dans le Kentucky, le 14 mai. | Austin Anthony / AP

Perdre dans l’Oregon et le Kentucky ne changerait pas la donne pour Hillary Clinton, mais cela retarderait le moment où les démocrates doivent s’unir en vue du sprint final vers le 8 novembre. Dans son entretien à OPB, Bernie Sanders explique que, quel que soit le résultat de la course à l’investiture démocrate, il « fer[a] tout ce qui est en [s]on pouvoir pour empêcher Trump de devenir président ».