Donald Trump, le « candidat présumé », comme on l’appelle désormais, a envoyé, lundi, ses émissaires à la rencontre de la direction du parti, le Republican National Committee. | Elaine Thompson / AP

Conforté par le soutien des électeurs républicains qui le soutiennent à plus de 50 %, Donald Trump doit faire réussir à séduire le Parti républicain, qui lui était opposé.

Le « candidat présumé », comme on l’appelle désormais, a envoyé, lundi, ses émissaires à la rencontre de la direction du parti, le Republican National Committee, pour évoquer l’unité du GOP, mais surtout les questions relatives aux finances de campagne, à l’organisation de la campagne sur le terrain, à l’échange de données ou aux études sur l’opposition (les démocrates).

Un parti divisé à la convention

Par calcul personnel, certains se rallient à lui. D’autres doutent, certains affichent la couleur directement et entrent en résistance. Kelly Ayotte, la sénatrice du New Hampshire, étiquetée modérée a décidé de le soutenir, car son poste est en jeu en novembre.

Ted Cruz, candidat malheureux à la primaire, s’interroge sur la manière dont il peut utiliser la convention républicaine à Cleveland, du 18 au 21 juillet, pour empêcher le milliardaire d’endommager le parti, ses grands principes, en essayant d’imposer leur point de vue sur le programme du candidat ou sur le choix du vice-président.

Certains poids lourds comme Paul Ryan, le président de la Chambre des représentants, ne sont pas encore « prêts à soutenir » Donald Trump. En revanche, Mitch McConnell, le chef de la majorité au Sénat, estime que la priorité est « d’empêcher ce qui serait de fait un troisième mandat pour Barack Obama », une victoire d’Hillary Clinton.

The Hill, un quotidien de Washington qui couvre l’actualité de la Maison Blanche et du Congrès, a recensé une liste de personnalités républicaines s’étant publiquement engagées à ne pas voter pour Donald Trump, dont les sénateurs Lindsey Graham et Ben Sasse, ou le représentant Justin Amash et Mitt Romney, candidat à la présidentielle de 2012 battu par Barack Obama.

Le programme politique en question

Les 2 472 délégués réunis à la convention de Cleveland devront approuver le programme de campagne avant d’accorder formellement leur onction au candidat. Ted Cruz et les chrétiens conservateurs craignent que le vote de ce programme qu’il ne dévoile que par touche ne soit l’occasion pour Trump de tordre les bras du GOP.

Les principes du candidat seront un inévitable sujet de friction : il s’est marié trois fois avec deux mannequins, une actrice. Au début des années 1990, il était en couverture de Playboy, prônait le droit à l’avortement et tenait des propos sexistes assez peu dignes d’un candidat à la présidence des Etats-Unis, comme le rappelle justement la publicité intitulée « Harcèlement » de Conner Eldrigde, candidat démocrate d’Arkansas pour l’élection au Sénat des Etats-Unis.

Conner Eldridge for U.S. Senate - "Harassment"
Durée : 01:55

Sur la question de l’avortement, ses prises de position sont à géométrie variable : il s’y est dit opposé avant d’envisager des exceptions. Il est contre le contrôle des armes à feu, après les avoir critiquées. Il veut lourdement taxer les importations chinoises.

Dimanche, sur ABC, il est revenu sur sa promesse d’une baisse générale de la fiscalité et a brisé un tabou républicain en se prononçant pour le relèvement des impôts sur les plus hauts revenus. « Je suis prêt à payer plus et, vous savez quoi ? Les riches sont prêts à payer plus ».
Reçu ensuite sur le plateau de NBC, il s’est par ailleurs dit partisan d’une hausse du salaire minimum, qui serait plutôt, selon lui, du ressort des Etats.

Ted Cruz compte peser sur le programme du candidat, rapporte le New York Times. Le sénateur du Texas, qui a réussi à rallier un nombre important de délégués, veut promouvoir un « agenda conservateur » sur les sujets de société qui lui tiennent à cœur.

La question de l’utilisation des toilettes publiques en fonction de l’identité sexuelle et non de l’identité de genre, ce qui a été considéré comme une mesure discriminatoire pour les personnes transgenres, pourrait lui en fournir l’occasion. Donald Trump, qui a multiplié les déclarations jugées discriminatoires contre les musulmans, les Hispaniques et les femmes, s’est sur ce sujet posé en champion de tolérance en déclarant que les transgenres devraient pouvoir utiliser les toilettes qu’ils veulent.

Mais pour les détails du programme, il faudra attendre le bon vouloir du magnat de l’immobilier : « Nous voulons être imprévisibles. Nous devons être des joueurs de poker, des joueurs d’échec », a-t-il déclaré.

Le choix du vice-président

Donald Trump a dit qu’il souhaitait constituer un ticket républicain avec un candidat à la vice-présidence ayant une expérience gouvernementale.

Lors des précédentes conventions républicaines, le candidat à la vice-présidence choisi par le candidat était approuvé par applaudissement. En 2016, Ted Cruz et ses partisans pourraient être tentés par un baroud d’honneur et contester le choix du « candidat présumé ». Les délégués peuvent en effet voter comme bon leur semble, tenter de contrer le choix du candidat. A moins que les républicains fatigués des guerres intestines ne finissent par accepter de se plier à la volonté de Donald Trump et de boire le calice jusqu’à la lie, lors de l’élection du 8 novembre.

Il est une chose sur laquelle les républicains semblent s’accorder : Donald Trump s’y connaît en matière de spectacle. Son amour du catch, ses émissions de téléréalité, « The Apprentice » et « Celebrity Apprentice » devraient lui permettre de produire une convention plus « intéressante », « rythmée » et « regardable » que les précédentes. Tant pis pour les figures du parti – le clan Bush, notamment – qui ont décidé de zapper Cleveland.