Denis Baupin, le 2 décembre 2015, à l’Assemblée nationale, à Paris. | MARTIN BUREAU / AFP

Accusé par plusieurs femmes de harcèlement sexuel, ce qu’il conteste, le député écologiste de Paris a démissionné de la vice-présidence de l’Assemblée nationale. Une affaire qui pose la question du sexisme contemporain.

Pour Lucile Schmid, membre du bureau exécutif d’EELV, qui stigmatise le huis clos politique qui alimente l’impunité et la violence, l’enquête sur les comportements de harcèlement du député écologiste Denis Baupin à l’égard de nombreuses femmes – collaboratrices, élues, collègues – révèle « le sentiment de toute-puissance que donne l’appartenance au monde politique, et les mécanismes d’emprise qui s’y attachent dans les relations entre les hommes et les femmes ». Conséquence : « Le monde politique est sans doute aujourd’hui le lieu le moins civilisé de notre société : intimidations, menaces, soumission à la loi du plus fort y sont le lot commun. Avec un corollaire révoltant, ceux qui sont chargés de faire la loi en tirent un sentiment d’impunité à nul autre pareil ».

Elle appelle à un contrôle sur les élus qui doivent rendre des comptes à leurs électeurs.

L’écrivain et journaliste Dominique Simonnet ne limite pas le machisme à l’affaire Baupin - « l’épiphénomène Baupin » -, expliquant qu’« une culture hégémonique, qui emprunte les codes et le discours trompeur du porno, prône de nouveau la soumission des femmes ». « Le macho nouveau est un altruiste : il veut le bien des femmes. Il défend leur cause. Le député Baupin ne militait-il pas contre les violences faites à ces dernières ? » : bref, rien n’a changé depuis la nuit des temps avec, pour les hommes, « l’obsession de contrôler le corps des femmes ».

Conséquence de cette époque qui dévalorise le féminisme, « par peur de ne pas paraître assez féminines ou d’être enfermées dans le statut dévalorisant des victimes, nombre de jeunes filles minimisent les violences faites à leurs semblables et rejettent le féminisme comme une maladie honteuse ». Ultime paradoxe qui verrait le féminisme « devenir le signe de l’aliénation des femmes ».

Dominique Simonnet appelle à réagir par la sanction, certes mais aussi, par l’éducation et la culture « plutôt que par les interdits ».

A lire sur le sujet :

– Affaire Baupin : « Les partis politiques sont peu à peu devenus des zones de non-droit », par Lucile Schmid, membre du bureau exécutif d’EELV. Il faut se débarrasser du droit de cuissage et de la réélection à vie si l’on veut assainir un univers encore livré au machisme et marqué par l’entre-soi.

Non, le féminisme n’a pas triomphé, par Dominique Simonnet, écrivain et journaliste. Si le mâle dominateur prétend libérer les femmes, c’est pour mieux les soumettre à ses appétits.

A lire aussi :

Sexisme en politique: l’omerta se craquelle, par Hélène Bekmezian.

Denis Baupin accusé d’agression sexuelle, par Raphaëlle Besse Desmoulières.

- Affaire Baupin: le parquet de Paris ouvre une enquête préliminaire.