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La fusion entre Staples et Office Depot, qui devait créer un géant américain des fournitures de bureau est morte et enterrée. Les deux distributeurs ont annoncé, mardi 10 mai, qu’ils renonçaient au rapprochement à la suite de la décision le même jour d’un juge fédéral de bloquer l’opération.

Cette décision confirme l’arbitrage rendu le 7 décembre 2015 par l’autorité de la concurrence américaine, la Federal Trade Commission (FTC), qui avait estimé que cette fusion de plus de 6,3 milliards de dollars (5,8 milliards d’euros) « viole les lois antitrust en réduisant de façon importante la concurrence sur le marché national des articles de bureau vendus aux entreprises ».

Le PDG de Staples, Ron Sargent, s’est dit « déçu que la justice ait validé la demande de la FTC, bien qu’elle n’ait pas défini le marché correctement et n’ait pas apporté la preuve de ses arguments ». « Il est dans le meilleur intérêt de nos actionnaires, clients et partenaires de renoncer à faire appel, de mettre fin à l’accord de fusion et de nous concentrer sur notre projet stratégique visant à apporter de la valeur aux actionnaires », a-t-il ajouté.

Eviter une situation de monopole

Le juge a estimé que l’opération allait « substantiellement nuire à la concurrence dans la vente et la distribution de fournitures de bureau pour les clients professionnels ». Les deux enseignes sont en effet les deux derniers acteurs capables de fournir les entreprises sur l’ensemble du territoire américain, ce qui aurait créé de fait une situation de monopole. « Cette opération aurait vraisemblablement conduit à des prix plus élevés et à une baisse de la qualité de service pour les grandes entreprises qui achètent des fournitures de bureau », s’est félicitée Debbie Feinstein, la responsable de la concurrence au sein de la FTC.

La suite des événements s’annonce compliquée pour Staples, qui, outre le versement d’une indemnité de rupture de 250 millions de dollars à Office Depot, va devoir renoncer à des synergies qui avaient été estimées à 300 millions de dollars par an. Le groupe, qui dispose de 1 900 magasins, en avait déjà fermé 300 en 2011 et prévoit d’en supprimer encore une cinquantaine cette année.

Il s’agit du second échec pour les deux entreprises, qui avaient déjà tenté de se rapprocher en 1997. A l’époque, la FTC s’y était également opposée. Staples et Office Depot pensaient que, dix-huit ans après, le paysage concurrentiel avait changé, notamment avec le développement de la distribution sur Internet et l’émergence d’Amazon, qui réalise désormais plus d’un milliard de dollars de chiffre d’affaires dans ce secteur. En 2013, la FTC avait d’ailleurs autorisé deux mastodontes, Office Depot et le numéro trois du secteur, OfficeMax, à fusionner.

Mais en se focalisant sur le marché des professionnels et non pas des particuliers, l’autorité de la concurrence a une nouvelle fois déjoué les espérances des deux groupes. Ce secteur aurait représenté 40 % du chiffre d’affaires du nouvel ensemble. Un effet de taille qui était censé compenser les ventes dans les magasins physiques, qui ont tendance à décliner. Le chiffre d’affaires de Staples a chuté de 6,4 % à 21,1 milliards de dollars lors du dernier exercice, tandis que celles d’Office Depot ont reculé de 10 % à 14,5 milliards.