Série sur Netflix à la demande

Grace and Frankie - Season 2 Trailer - Netflix [HD]
Durée : 01:50

La deuxième saison de la série de Marta Kauffman et Howard J. Morris ne renouvelle pas le succès de la première.

La première saison de « Grace and Frankie », diffusée il y a un an par Netflix, était, dans un genre léger proche de la sitcom – sans les rires enregistrés –, suffisamment savoureuse pour donner envie d’en savoir plus sur un carré de personnages constitué par deux couples de seniors : dès le premier épisode, les deux maris, Robert (Martin Sheen) et Sol (Sam Waterston), avocats californiens associés, demandaient le divorce à leurs épouses respectives, Grace (Jane Fonda) et Frankie (Lily Tomlin), afin de consommer maritalement la liaison homosexuelle qu’ils entretenaient depuis des lustres.

Mais la saison 2, proposée en son entier le 6 mai sur Netflix, trahit hélas, avec trois premiers épisodes soporifiques, un épuisement prématuré du sujet. Ces destinées recomposées – les deux femmes se détestaient mais apprennent à ­cohabiter dans la maison de plage achetée en commun – font du surplace.

Sol (Sam Waterston) et Grace (Jane Fonda). | MELISSA MOSELEY / NETFLIX

Heureusement, les deux formidables actrices jouant les rôles ­titres évitent le fiasco : Lily Tomlin en baba cool fumeuse de joints, pro-commerce équitable et produits bio, farouchement opposée au gaspillage de l’eau douce au sortir de la mer (« Prends du talc pour enlever le sable ! », ordonne-t-elle à Grace) et à l’ajout d’un composant biologiquement incorrect au lubrifiant naturel qu’elle a conçu et tente de commercialiser, avant de se retirer de l’aventure, en lâchant cette inoubliable mercuriale : « Je refuse que mon vagin soit associé à l’huile de palme ! » ; Jane Fonda, élancée et bon chic bon genre, le visage quasiment aussi lisse que du temps où elle jouait dans ­Barbarella (le film de Roger Vadim, qui fut son mari, date de 1968), raide de corps et d’esprit, ne se laissant aller qu’après avoir descendu quelques dry martinis – son carburant principal – ou essayé l’un des stupéfiants de son indécrottable hippie new age de colocataire.

Situations trop prévisibles

En jouant sur ce registre proche de ce qu’elles sont dans la « vraie » vie, Fonda et Tomlin créent un formidable duo en opposition, aux réparties souvent pliantes, qui n’hésitent pas à verser dans une grivoiserie assez crue (« Prends-le bien ! », dit Frankie en enfonçant un concombre dans l’orifice d’une centrifugeuse), tandis que le couple masculin s’englue dans une médiocrité petite-bourgeoise et bien-pensante. On notera, au débit du duo masculin constitué par Martin Sheen et Sam Waterston, qu’il sonne faux et creux en accentuant – de manière discrète mais clairement appuyée – l’effémination prétendument attendue d’un couple homosexuel façon sitcom.

Grace and Frankie Opening (Intro)
Durée : 00:36

Il est possible que « Grace and Frankie » ait voulu se moquer de cette union maritale, plus conformiste et étriquée que celle du couple hétérosexuel qu’ils formaient avec leurs ex-épouses – lesquelles, d’ailleurs, se réinventent de manière plus intéressante dans leurs nouvelles vies. Mais encore eût-il fallu que les auteurs développent ce trait satirique et en fassent un axe fort du propos. Au lieu de quoi, la série s’englue dans des situations trop prévisibles, avec une part trop grande, mais pas assez bien traitée, donnée aux enfants des couples désunis qui, souvent, affadit l’action et la ralentit.

Un peu comme s’il fallait en garder de côté pour nourrir la troisième saison (confirmée en décembre 2015). Qui sera donc l’enterrement ou la résurrection de « Grace and Frankie ».

« Grace and Frankie », saison 2, créée par Marta Kauffman et Howard J. Morris. Avec Jane Fonda, Lily Tomlin, Sam Waterston, Martin Sheen (EU, 2015, 13 x 30 min). Sur Netflix à la demande.

L’affiche de « Grace and Frankie ». | netflix