La réalisatrice allemande Maren Ade lors de la présentation de son film « Toni Erdmann » au 69e Festival de Cannes, le 14 mai 2016. | LIONEL CIRONNEAU/AP

  • C’EST ATTENDU :

« Tu as d’autres buts dans la vie que de refourguer des coussins péteurs ? », demande une travailleuse tendue à son père détendu. Ce duo dysfonctionnel est au cœur du troisième long-métrage de Maren Ade, Toni Erdmann. Le film est présenté, samedi 14 mai, en compétition, de même que Mademoiselle (titre original : Agassi), du cinéaste sud-coréen Park Chan-wook.

Selon la rumeur, le « bon gros géant » de Steven Spielberg partagerait quelques penchants pétomanes avec notre clown allemand. Le maître hollywoodien présente, hors compétition, son BGG (ou Bon Gros Géant, The BFG pour « Big Friendly Giant » en version originale), adapté du roman de Roald Dahl (1982), l’auteur de Charlie et la chocolaterie notamment. Toujours hors compétition (en séance spéciale), l’écrivain et journaliste Jonathan Littell consacre un documentaire aux anciens enfants soldats de la Lord’s Resistance Army (LRA), formée dans le nord de l’Ouganda par Joseph Kony, Wrong Elements.

  • C’EST CRITIQUÉ :

Toni Erdmann, de Maren Ade, a été présenté, vendredi 13 mai, en projection de presse, « dans une salle qu’on a rarement vue aussi hilare et conquise », d’après Mathieu Macheret. Selon lui, « la réalisatrice a pris un risque considérable ». Non seulement elle s’essaie à la comédie – ce qui n’arrive pas tous les quatre matins dans le cadre du jeune cinéma allemand –, mais pas n’importe laquelle : une “comédie de personnages”, art de funambule qui peut vite s’effondrer si ces derniers ne sont pas à la hauteur, c’est-à-dire à la fois crédibles et démesurément excentriques. » A renfort de perruques, de faux râteliers et de dédoublements, le film « nous dit ceci d’essentiel, qu’il faut oser saborder sa vie dans les grandes largeurs pour espérer un jour la savourer pleinement ».

Du côté de la Quinzaine des réalisateurs, deux films ont intéressé Thomas Sotinel : L’Economie du couple, du Belge Joachim Lafosse et Neruda, du Chilien Pablo Larrain. D’un côté, « l’anticomédie romantique par excellence, un film sec, nourri de l’observation au microscope d’une cellule familiale », servie par un excellent duo d’acteurs, Bérénice Bejo et Cédric Kahn, qui incarnent avec abnégation « la désintégration d’un couple par l’argent » ; de l’autre, un « portrait d’artiste qui navigue vigoureusement entre histoire et fiction » consacré à ce « fils de cheminot, devenu poète mondialement connu et dirigeant politique », une « célébration de la création artistique, de son aspiration au sublime et de ses compromis sordides avec la réalité ».

Enfin, Isabelle Regnier a déniché, dans la programmation de la Semaine de la critique, un « bijou pop », splendide « bulle de béton, de néons et d’adolescence » : Diamond Island, le premier long-métrage de fiction du réalisateur franco-cambodgien Davy Chou. « A l’intersection de Jia Zhang-ke, Hou Hsiao-hsien et Apichatpong Weerasethakul », cette « ode sensuelle et scintillante à la jeunesse est travaillée (…) par la tragédie de l’acculturation. Une question que le génocide khmer, qui était aussi un génocide culturel, rend sans doute plus aiguë au Cambodge que n’importe où ailleurs ».

  • C’EST DIT :

« Je ne vais pas me transformer en cinéaste. Je fais confiance à Matthew [Metcalfe, producteur] et à Justin [Pemberton, réalisateur]. Je pourrai bien sûr servir de conseiller informel », a déclaré l’économiste Thomas Piketty, lors d’une conférence de presse à Cannes, au sujet de l’adaptation cinématographique de son ouvrage Le Capital au XXIe siècle (paru au Seuil en 2013). Notre journaliste Clarisse Fabre y a assisté.

  • C’EST CHRONIQUÉ :

« Ces jours-ci, l’actrice qui reçoit le plus de propositions d’interviews – plus que Julia Roberts – serait Lily-Rose Depp, 16 ans. Pourquoi ? “Parce que c’est la fille de Vanessa Paradis et Johnny Depp”, répond un des innombrables agents de La Danseuse, de Stéphanie Di Giusto, où Lily-Rose Depp, 4e rôle, apparaît au bout d’une heure. Les demandes sont pourtant telles qu’aucun journaliste n’est autorisé à la voir sans un autre comédien ou la réalisatrice. “Le public pourrait croire que le film ne repose que sur elle”, explique un des attachés de presse. Tout le monde accepte avec la ferme intention de ne garder que “du Lily-Rose”. » Florence Aubenas a rencontré la demoiselle et en fait le sujet de sa chronique quotidienne, Red Carpet.

  • C’EST VU :
  • C’EST EN BOÎTE :

« Moi, Daniel Blake » : quand l’Etat punit les pauvres
Durée : 03:42

  • C’EST TWITTÉ :