Le pays a fait un pas de plus vers l’autoritarisme après la proclamation de « l’état d’exception » par Nicolas Maduro, lundi 16 mai. | JUAN BARRETO / AFP

Le Parlement du Venezuela doit débattre mardi 17 mai de la décision du gouvernement d’accroître ses pouvoirs en matière sécuritaire, alors que le ton devrait encore monter entre le président Maduro et l’opposition qui appelle à descendre dans la rue mercredi.

Lundi soir, le pays a fait un pas de plus vers l’autoritarisme après la publication du décret prolongeant « l’état d’exception et d’urgence économique » mis en place depuis la mi-janvier par Nicolas Maduro. Ce décret étend durant 60 jours les prérogatives du gouvernement en matière de sécurité et de distribution alimentaire : l’armée et la police ont désormais pour ordre de « garantir la distribution et la commercialisation des aliments et produits de première nécessité ».

Des comités locaux de citoyens, récemment créés, se voient quant à eux dotés de pouvoirs de « surveillance » et de « maintien de l’ordre » pour « garantir la sécurité et la souveraineté du pays ».

Certains experts soulignent les restrictions en matière de libertés individuelles et pointent le risque d’affrontements civils. « Des civils qui exercent un contrôle social, cela promeut la violence politique car ces groupes sont désormais autorisés à réprimer le mécontentement social qui est en hausse », juge Marino Alvarado, militant des droits de l’homme.

Coupures d’électricité, pillages et lynchages

Côté distribution et gestion énergétique, le dirigeant vénézuélien s’est attribué la faculté de réguler la journée de travail dans le secteur privé, et plus seulement dans le public, où les services ne sont ouverts que deux jours par semaine jusqu’au 27 mai, pour économiser de l’énergie.

Des manifestants anti-Maduro, à Caracas le 11 mai. | FERNADO LLANO / AP

Coupures d’électricité quotidiennes, pillages de commerces, pénuries et lynchages : ce pays pétrolier sombre chaque jour un peu plus dans la crise politique, économique et sociale depuis la victoire d’une coalition d’opposition aux élections législatives, fin 2015.

Le bras de fer entre chavistes (du nom du président défunt Hugo Chavez, au pouvoir de 1999 à 2013 et mentor de Nicolas Maduro) et anti-chavistes s’est intensifié depuis que l’opposition a rassemblé début mai 1,8 million de signatures pour lancer le processus du référendum pour révoquer le président, qu’elle espère organiser d’ici fin 2016.

Le pays a subi en 2015 une inflation de 180,9 %, une des plus élevées au monde, et un recul du PIB de 5,7 %, pour la deuxième année consécutive.