L’abattoir de Mauléon, le 29 mars 2016. | GAIZKA IROZ / AFP

Plus d’un mois après la diffusion par l’association L214 d’une vidéo dévoilant des pratiques d’abattage choquantes et manifestement illégales de bovins, de veaux et d’agneaux de lait – des ovins de moins de 45 jours, pas encore sevrés –, les salariés de l’abattoir de Mauléon (Pyrénées-Atlantiques) mis en cause témoignent pour la première fois dans le journal Sud Ouest.

Christophe, Bastien et Gérard, âgés de 18, 25 et 30 ans reviennent pour le quotidien régional sur les faits et les conséquences sur leurs vies. C’est Gérard, le plus âgé du trio qui est mis au courant le premier. Il est convoqué dès 8 h 30 par le responsable qualité qui lui montre la vidéo.

« D’abord je vois un type parler. Puis j’entends le bruit de l’élévateur pour les agneaux. Là, je me suis dit “houlà”. Puis j’ai vu les images, j’ai compris. Je me suis reconnu, puisque au début les visages n’étaient pas floutés. Je suis allé voir toute l’équipe et je leur ai dit : “Il y a une vidéo qui tourne sur l’abattoir de Mauléon comme les abattoirs d’Alès et tout.” »

Les trois personnes mises en cause sont ensuite mises à pied par le directeur de l’abattoir. Ils nient toutefois avoir maltraité régulièrement les bêtes qui passent dans l’établissement.

« Quand on voit cette vidéo, c’est sûr, ça choque. Mais on ne donne pas des coups de crochet pendant dix heures tous les jours. Personne ne pourrait faire ça. Ce sont nos agneaux qu’on tue à l’abattoir. Ce sont des bêtes et on est très vigilants. On n’est pas des branques. Ce n’est pas vrai. »

« C’est le regard des autres qui pèse le plus »

Mais plus d’un mois après les révélations de ces agissements, Christophe, Bastien et Gérard n’ont toujours pas retrouvé le cours normal de leur vie. « Notre mode de vie a changé », avoue ainsi Bastien : « Avant-hier, je suis allé voir un match. C’était la première fois que je revoyais une foule. Je n’ai pas pu rester. Certains savent qui je suis. D’autres non. Mais je n’arrive pas à faire la différence entre les regards positifs et négatifs. » Pour Gérard également la situation est compliquée :

« Les médias, les réseaux sociaux, les collègues… De tout ça, c’est le regard des autres qui pèse le plus. La Soule [région située dans les Pyrénées-Atlantiques], c’est bien pire que Facebook. »

A la suite des révélations de l’association L214 sur les maltraitances animales dans les abattoirs, une commission d’enquête parlementaire « sur les conditions d’abattage des animaux de boucherie dans les abattoirs français » a été mise en place.

Le ministre de l’agriculture, Stéphane Le Foll a également annoncé dans la foulée un plan en faveur du bien-être animal qui se concentre notamment sur les abattoirs et qui crée pour leurs directeurs un délit de maltraitance envers les animaux.

Nouvelle vidéo choc montrant des actes de cruauté dans un abattoir bio
Durée : 05:20